La Fédération nationale du bâtiment est aux anges. Voilà une main d'oeuvre dont on découvre brusquement qu'elle a bien du charme et des qualités, surtout dans un domaine qui peine à recruter et qui craint les ravages du papyboom.

D'ici 2009, 30 000 femmes sont donc attendues pour patauger dans les chantiers, manier truelles, pinceaux, clés anglaise et grues, pour virevolter dans les ateliers et interpeller les clients. Pour l'instant, elles sont 10 000 soit 9,5 % des effectifs. Près de 47 % sont des employées et techniciennes, 11 % des cadres, un peu plus de 1 % des ouvrières (maçonnes, charpentières, tailleuses de pierre).

Et la Fédération de multiplier les opérations de séduction. Non, nos métiers ne sont pas si pénibles que ça, pas si sales qu'on veut bien le croire, pas si mal payés finalement, et bien sûr sans aucune discrimination salariale. Et les horaires ? Moins pire que dans la restauration. Quant à l'ouvrier casqué qui râcle sa gamelle à l'heure du déjeuner, assis sur des gravats tout en sifflant une passante, mais vous avez vu ça où ?!

Et elles s'éclatent apparemment ces jeunes filles. Béatrice, 24 ans, affirme "se réaliser" lorsqu'elle tire une chape pour poser ensuite le carrelage. Virginie, 23 ans, reconnaît que porter des sacs "c'est parfois fatiguant, mais ça va". Pour Isabelle 32 ans, impossible d'être déprimé lorsqu'on pose du parpaing. Ghislaine, 40 ans, adore la variété de la maçonnerie : "on créé de nos mains, mais jamais sans nos têtes." Et toutes de louer la "super ambiance" et "la géniale entente" avec leurs homologues masculins. Encore plus de témoignages - aussi bien bétonnés - sur le site de la FNB.

Franchement, vous y croyez vous ? Moi, ce que j'aimerais bien savoir, c'est le taux de turn-over féminin dans ce secteur-là. Il est déjà important rien que du côté des hommes : la moitié des ouvriers démissionne (source Dares, portraits statistiques 1982-2002, format pdf), là où justement la Fédération tente d'attirer les femmes... Mais apparemment, sur ce sujet, l'accès au chantier reste encore interdit !