Ces parisiennes connues mais oubliées de l'Etat

parcours_femmes_paris Avez-vous remarqué qu’à Paris, aucun musée ni monument public porte le nom d’une femme ?! Je vous avoue que moi non plus je ne m’en étais pas aperçue, jusqu’à ce que je reçoive la brochure « Parcours de femmes à Paris et en Ile-de-France », co-éditée par le Comité Régional du Tourisme de Paris IDF et l’excellente maison d’éditions Lunes. Et là, en feuilletant ce guide, il faut bien se rendre à l’évidence que rares, très rares, sont les femmes engagées sur le plan artistique, économique, politique ou scientifique, à qui la Ville de Paris a rendu hommage en scellant leur patronyme dans du marbre.

Oh, il y a bien quelques rues qui portent leur nom. La résistante Bertie Albrecht a une avenue dans le 8ème, comme la reine Victoria et les deux saintes, Geneviève et Marie. Deux métros sont « féminins » : l’un gratifie l’anarchiste Louise Michel et l’autre « Pierre et Marie Curie », le prénom de Marie ayant été ajouté à celui de son mari début… 2007, soit plus de 60 ans plus tard ! Je me demande bien pourquoi « ils » n’en ont pas profité pour y joindre celui de leur fille, Irène, autre grande scientifique.

Mais à part elles ? Rien !

Pourquoi ne pas imaginer une reconnaissance publique pour : Colette, Sarah Bernhardt, Camille Claudel qui se retrouve à partager son talent dans le musée Rodin, Louise Weiss qui a lutté pour le droit de vote des femmes, Marguerite Durand, fondatrice de l’Office du travail féminin, l’aviatrice Jacqueline Auriol, la psychanaliste Françoise Dolto, la grande résistante Lucie Aubrac, disparue cette année ?

Allez, je vous laisse compléter la liste. Je sens que je bouillonne…

Par Corinne Dillenseger, le dimanche 5 août 2007 à 18:30
Catégorie : Elles s'entraident

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Commentaires

1. Le dimanche 5 août 2007 à 21:34, par seniorita tchatcha

En effet ça fait mal... Et je viens de lire l'interview pitoyable de M Ganz et les échanges sur Jasmin (quel nom ridicule, on dirait le nom d'un papier toilette...). Ah, vivement que tu fondes ce "Tout pour elles" papier et web. Peut-être pourrais-tu ouvrir une tribune pour alimenter certaines rurbiques et en créer de nouvelles (sous ton contrôle bien sûr) ? un peu à la manière d'AgoraVox.

2. Le dimanche 5 août 2007 à 21:46, par Profette - site

Tiens, moi aussi ça m'a surprise, comme info, je ne m'y attendais pas du tout !

Mais ça ne me surprend pas trop non plus, vu que c'est seulement dans notre siècle que la femme a pris son "importance" actuelle et qu'il y a eu peu de bâtiments publics construits depuis cette même époque.

Il y a bien le musée Peggy Guggenheim, mais ce n'est pas public... et ce n'est pas à Paris...

Enfin... heureusement qu'on a des rues "à nous" : si si, tu sais, celle qui avait des visions et qui écoutait des MP3 dans sa cellule, ou la chanteuse blonde qui levait ses bras tout le temps... Si c'est pas valorisant, ça !!

3. Le dimanche 5 août 2007 à 22:24, par Sar@h

Voilà un vaste sujet qui pourrait être développé dans "LE" magazine féminin qui reste à inventer!!!!!!!!

A ce sujet que sont devenu les belles idées mentionnées dans les 80 commentaires de l'article à propos de "Jasmin" du 25 octobre 2006 ????????

Ce serait dommage que tout cela ne reste que virtuel

Magnifique ce blog, je découvre!!!!!!! Bravo Corinne

4. Le lundi 6 août 2007 à 07:22, par Corinne - site

@ Seniorita tchatcha : au sujet de l'idée d'un mag web/papier Tout pour Elles, oui, j'ai bien pensé aussi à un système ressemblant à un Agoravox au féminin... Mais des idées à l'action, il y a toujours le facteur temps qui me bloque. Comme tu le sais, je travaille et je tiens déjà ce blog à bout de bras en sacrifiant pas mal de choses à côté. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui me manque... Loin, très loin de là. Un jour peut-être...
@ Sar@h : bienvenue et ravie que ce blog te plaise Merci pour ton commentaire. Oui, encore un sujet qui ferait mouche dans un "bon" magazine féminin. Pour les "belles idées" qui font suite à l'article sur Jasmin, je te renvoie à ma réponse à Seniorita Tchatcha juste plus haut.
@ Profette : tu m'as bien fait rire
Ah, j'oubliais : il y a bien le musée Piaf et la Place Dalida, mais encore une fois ce sont des initiatives privées...

5. Le lundi 6 août 2007 à 10:12, par Anne

Comment pourrait-il y avoir bcp de noms de femmes alors que peu ont eu le loisir d'exprimer leur potentiel.Même encore aujourd'hui 'Le deuxième sexe' de Simone de Beauvoir me paraît d'actualité.Tiens,voilà un nom à rajouter à ta liste, peut-être, avec celui d'Alexandra David-Neel.

6. Le lundi 6 août 2007 à 10:49, par Stéfanie

Celles qui avait des visions et écoutaient des MP3 c'est Jeanne d'Arc (voix) ou sainte Thérèse de Lisieux (visions) ?

Corinne : je fais un commentaire sur ton précédent billet excuse ... Je voudrais trouver l'adresse mail de la rédac chef de Je (question professionnelle à lui poser) et je ne trouve pas le mag en kiosque ! Tu peux me l'envoyer sur mon mail s'il te plaît ? Vraiment désolée de te demander ça. Merci. Et bravo pour tous tes succès.

7. Le lundi 6 août 2007 à 13:18, par Sar@h

Dommage!!!!!!

Si tu avais du temps Corinne pour créer ce magazine, il serait "Top" vu ton superbe Blog
Mais peut-être qu'un jour.....

Amicalement

8. Le lundi 6 août 2007 à 13:55, par zabou M - site

le nouveau quartier des galeries n'est il pas dans la rue Louise Weiss ?

9. Le lundi 6 août 2007 à 14:50, par Marie Bland - site

Le nom des femmes a toujours été écrasé sous celui des hommes, et cela continue même dans la vie de tous les jours. Très rares sont les femmes qui gardent leur nom quand elles se marient, très rares aussi sont les femmes qui donnent leur nom à leurs enfants.
Alors imaginez donc, comment les hommes pourraient-ils donner des noms de femmes aux rues si les femmes ne s'empresse pas d'abord d'imposer leurs noms !
Bon après-midi

10. Le lundi 6 août 2007 à 20:31, par Corinne - site

@ Anne : Simone de Beauvoir et d'Alexandra David-Neel ! Excellentes références ! Merci.
@ Stéfanie : ok je t'envoie un mail Pour rappel, il existe un site sympa pour trouver les magazines et journaux près de chez vous : www.trouverlapresse.com/
@ Sar@h : oui, espérons...
@ Zabou M : bienvenue et merci pour l'info. Une petite rue pour cette grande dame qui mériterait au moins une avenue, voire plus !
@ Marie Bland : bienvenue aussi ! Oui tu as raison, ou alors elles collent leur nom à celui de leur mari...

11. Le lundi 6 août 2007 à 21:20, par Casi - site

Corinne
Jasmin n'est plus
Il reste à l'inventer ce magazine de rêve pour nous les femmes
Alors ?

12. Le mardi 7 août 2007 à 00:49, par Claude - site

Il y a aussi la place Jean-Paul Sartre ET Simone de Beauvoir, mais elle, en deuxième, bien sûr... C'est devant les Deux Magots, à St Germain des Prés
Mais à Paris, il y a le collège Françoise Dolto et il doit y en avoir d'autres à son nom.
Il y a aussi une rue George Sand mais c'est sans doute parce que le maire de l'époque pensait que c'était un homme
Et soyons juste, il existe une place Colette à Paris du côté du métro Palais-Royal.

13. Le mardi 7 août 2007 à 07:30, par Corinne - site

@ Casi : Alors ?... Rien.
Je vois que mon Blogitexpress sur Jasmin relance le débat J'y reviendrai...
@ Claude : ravie de te lire Tu sembles bien connaître Paris. Merci pour ces références. Oui, en effet, la place Colette... évincée (oubliée ?) par la fameuse bouche du métro "le portique des noctambules" de Jean Michel Othoniel...

14. Le mardi 7 août 2007 à 08:05, par Crumble - site

Oui, inconstestablement, les femmes sont majoritairement oubliées dans les rues de Paris, et d'ailleurs. Quelques bonnes nouvelles cependant. Dans le nouveau quartier de Tolbiac, dans le 13ème arrondissement, il y a effectivement une rue Louise Weiss, une rue Françoise Dolto, une rue Hélène Brion et une rue en souvenir des soeurs Alice Domon et Léonie Duquet. La passerelle piétonnière qui enjambe la Seine entre la Bnf et les jardins de Bercy s'appelle Simone de Beauvoir. Enfin, signalons l'existence de la Bibliothèque Marguerite Durand, 79 rue de Tolbiac, consacrée à l'histoire des femmes et du féminisme. C'est un début, continuons le combat (;-D !

15. Le mardi 7 août 2007 à 11:01, par Profette (l'étourdie qui tape plus vite qu'elle ne pense) - site

@ Stefanie, hou, shame on me, oui, je voulais dire "qui entendait des voix" bien sûr !

16. Le mardi 7 août 2007 à 13:48, par Blandine - site

L'honneur est sauf il y a une place Dalida à Montmartre... (ironie...)

17. Le mardi 7 août 2007 à 14:31, par Virginie - site

Vaste sujet. A Paris, j'habitait rue Sophie Germain, une mathématicienne du 19ème siècle qui pour passer sa thèse, s'est présentée avec un nom d'homme. Mais c'est une petite rue (une 20aine de numéro, quoi). Très agréable, ceci dit, d'y vivre.

18. Le mardi 7 août 2007 à 16:43, par Christophe

On oublie Amantine Aurore Lucile Dupin alias "Georges Sand" (encore un pseudonyme masculin tient !)
Plusieurs édifices portent son nom (Hôtel, rue, ...)

19. Le mardi 7 août 2007 à 21:56, par Corinne - site

@ Crumble : merci ! Je crois bien que la brochure de "Parcours de femmes..." de l'Office du Tourisme de Paris mérite une mise à jour
@ Blandine : ravie de te relire ici Je te suis dans ton ironie...
@ Virginie : ravie aussi de te relire ici Une petite rue pour une femme savante aussi brillante...
@ Christophe : bienvenue ! Oui, George (sans "s") Sand sauve un peu l'honneur. Merci pour cette référence.

20. Le mardi 7 août 2007 à 22:20, par Joanna - site

Alexandra David Néel, Marguerite Duras, www.femmescelebres.com/ ... Les hommes baptisent. Mais a-t-on vraiment besoin de rues, monuments... "Si l'homme construit les routes, la femme trace les chemins." André Levy

21. Le mardi 7 août 2007 à 22:38, par Nadine Samuel

Coucou Corinne. Voilà un billet bien original. Merci à toi.

A Joanna, j'ai envie de te dire que les femmes aussi se mettent maintenant à construire des routes. Si, si, ils recrutent un max dans le BTP Plus sérieusement, je pense que les femmes qui ont marqué leur époque ont besoin d'avoir "leurs" rues et monuments et places. Pour la Mémoire et... parce que c'est une manière de les rendre visibles, aux yeux de tous, touristes compris !

22. Le mercredi 8 août 2007 à 15:50, par Chab So - site

Une rue et une piscine "Joséphine Baker"
un livre sur les rues au nom de femmes
www.editions-descartes.fr...
La "petite môme" a sa place...
Cela vient , doucement, doucement , pour l'Homme cette autre femme, il faut du temps.

23. Le mercredi 8 août 2007 à 20:17, par Emmanuelle - site

Corinne, un comm HS : ton blog est cité comme "blog du mois" dans le prima de septembre, page 15...

24. Le mercredi 8 août 2007 à 20:25, par Emmanuelle - site

comm dans le sujet : cela me rappelle le baptême du nouveau collège dans lequel ma fille est entrée en septembre, en 6ème. Grande mobilisation auprès des élèves et de leurs parents, pour proposer un nom (par vote). Les consignes étaient : nom de femme, si possible du Val d'Oise, et elle devait être morte (puisque sinon il semblait que ce fut problématique de baptiser le collège avec le nom d'une personne vivante). Nous (nous 4) nous sommes creusés la tête et avions proposé le nom d'Hélène Boucher, une pionnière de l'aviation française, originaire de la région parisienne.
Résultat des courses : le collège a été baptisé du nom d'un homme vivant, astronome, dont les parents sont originaires de notre ville. Les élèves et parents se sont sentis quelque peu "manipulés"... d'autant que ce nom avait circulé avant de solliciter les parents et élèves...

25. Le mercredi 8 août 2007 à 22:20, par Corinne - site

@ Joanna : merci pour le lien. Et Nadine Samuel (que je remercie aussi au passage) te répond juste plus bas
@ Chab So : bienvenue et merci aussi pour la référence sur ce livre "Paris aux noms des femmes". Oui, doucement, on avance, on avance
@ Emmanuelle : merci pour Prima. Sans toi je ne l'aurais jamais su !!! J'espère qu'on en dit du bien... Pour ton deuxième com : je n'ai qu'un mot à écrire face à cette anecdote : affligeant !!!

26. Le mercredi 8 août 2007 à 22:49, par Joanna - site

Il est vrai Nadine

27. Le vendredi 10 août 2007 à 14:54, par dorothée

Tarnos, dans les Landes:-) 300 logements: une résidence; "femmes d'un siècle", elles y sont toutes simone de beauvoir, marie curry, maria callas, etc... chacune son batiment.
les "croques- maïs" ont un peu de reconnaissance! je plaisante!
(je sais, c'est nul, mais c'était juste ma petite participation à ton billet....)

28. Le vendredi 10 août 2007 à 18:15, par Emmanuelle - site

Corinne, voici ce qui est écrit : "Le blog du mois. Les femmes et leur job. On est 100% d'accord avec le titre de ce blog "tout pour elles, parce que les femmes ont tout pour réussir leur vie professionnelle". Et on aime aussi son contenu : des histoires de femmes, des expériences, des découvertes, des idées...Autant de pistes pour progresser dans sa vie professionnelle. www.toutpourelles.fr".

29. Le vendredi 10 août 2007 à 22:04, par Corinne - site

@ Dorothée : j'adore quand tu plaisantes !

@ Emmanuelle : merci beaucoup d'avoir pris le temps de recopier l'info. De mon côté, je n'ai bien sûr pas pu attendre pour acheter le magazine. Du coup, j'ai même placé l'info dans mon "blog it express" (en haut à gauche) et dans ma revue de presse.

30. Le vendredi 10 août 2007 à 22:36, par Ariane - site

Bonjour Corinne,
c'est une bonne réflexion ça, je n'y avait pas pensé.
A Lyon nous avons une rue "Bellecordière" (le surnom dela poetesse Louise Labé) et une pour la marquise de Sévigné, une rue Maryse Bastié, mais c'est sur qu'elles ne sont pas si nombreuses.
A noter l'initiative sympa sur les berges du Rhone nouvellement aménagées, ils ont apposé des plaques aux noms de femmes européennes.
www.grandlyon.com/Miroirs...
J'adore l'idée d'avoir mis Ellen Mac Arthur pour la Grande Bretagne, pour moi c'est une grande femme !!

31. Le samedi 11 août 2007 à 08:43, par Corinne - site

@ Ariane : tu es revenue de vacances ? Cette initiative de la Ville de Lyon est remarquable (merci pour le lien !) Marlène Dietrich comme voisine de palier, cela me plairait assez

32. Le samedi 11 août 2007 à 16:27, par chez tine - site

bonjour Corinne
petit nb : Hélène Boucher
c'était le 11 Août 1934 et elle pulvérise le record du monde de vitesse féminin : 445,028 km/h, incroyable pour l'époque ... à la prochaine

33. Le mercredi 15 août 2007 à 00:42, par Baïlili - site

Je n'ai pas lu tous les comm mais il y a une place "Edith Piaf" vers le 20e arrondissement. Cependant tu as raison, il n'y a que très peu de rues au nom des femmes.
Tous ces généraux nous encombrent !

34. Le mercredi 15 août 2007 à 17:36, par BUOT-BOUTTIER - site

Bonjour Corinne,

Tes sujets de retour de vacances sont bien pertinents, on sent que tu as eu l'ooccasion de te ressourcer, veinarde !

Je m'intéresse particulièrement en ce moment à la question de l'inégalité entre la masculinité et la féminité et il me semble réaliser que tout reste encore à faire dans la mesure ou la société semble persuadée d'avoir fait son "Méa Culpa" dans les années 70 en distribuant un chéquier, le droit de travailler sans demander l'accord de M. et la fameuse petite pilule libératrice de tous les maux du genre féminin.

Le discours d'aujourd'hui est "on passe à autre chose" et "n'inversez pas les rôles, non plus !" et la culpabilisation des femmes dont la libération serait en partie responsable de la dérive de la société et des difficultés éducatives est de mise...

Comment, dans ces conditions, dénoncer le fait qu'une blague raciste va, à juste titre, choquer, voire être réprimée tandis qu'une blague sexiste fait sourire et que si cela n'est pas le cas, c'est qu'on est vraiment pas cool ou encore mal .... ? Comment se plaindre de la double journée (encore très répandue) des femmes qui travaillent la journée et s'occupent des enfants et tâches domestiques le soir, persuadées pour certaines d'entres elles que leurs gênes les assignent à ce rôle ? Comment souligner que le terme professionnel d'assistant est très souvent féminisé tant il semble naturel que le genre féminin soit assistant du masculin (assistante dentaire, assistante de direction, n'existe-t'il pas d'ailleurs une revue professionnelle nommée "Assistante") ? Comment s'indigner, en constant qu'à même niveau de formation et d'expérience, le genre féminin est nettement moins bien payé que ses collègues masculins parce-qu'il a eu la malchance, à la naissance, d'être dépourvu de la petite paire qui fait toute la différence ? Comment expliquer combien nous perpétuons cette inégalité à travers notre manière d'éduquer nos enfants ?

Le monde est dirigé par le masculin, nous sommes donc encore loin d'une postérité qui serait officiellement féminine, nos rues vont encore être masculines pour un certain temps et un temps certain... A moins qu'une réelle prise de conscience...

Un petit conseil de lecture intelligente et experte : "L'emprise du genre, Masculinité, féminité, inégalité", Ilana Löwy, Editions La Dispute, série Le genre du monde, dirigée par Danièle Kergoat.

Ilana Löwy est historienne des sciences et directrice de recherche à l'INSERM.

35. Le mercredi 15 août 2007 à 17:50, par BUOT-BOUTTIER - site

Corinne,

Je viens de lire les commentaires qui font référence à l'idée d'un Agoravox au féminin, sache que tu pourrais pleinement compter sur ma collaboration pour un tel projet.

L'idée est particulièrement géniale. Tu ne pourrais, de part tes activités professionnelles et personnelles mettre un tel projet en place tout seule mais si tu t'entourais des compétences et de la motivation d'autres personnes, le dessein ne serait-il pas réalisable ?

Je me permets de t'inviter à songer sérieusement à cette idée, qu'en penses-tu ?

Isabelle (L'EDUC)

36. Le mercredi 15 août 2007 à 21:55, par Corinne - site

@ Tine : oui Hélène Boucher, une femme bien dans le vent
@ Baïlili : effectivement, la place Edith Piaf, avec une statue très... implorante, inaugurée en 2003, soit 40 ans après sa mort. Vaut mieux tard que jamais...
@ Isabelle : je ne peux qu'abonder dans ton sens. La "libération" de la femme est loin d'être terminée et tu fais bien de souligner que nous n'en sommes qu'au début. Oui, les filles, nous y sommes aussi pour quelque chose si le monde n'avance pas assez vite pour nous... En même temps, rien ne se fera sans eux, les hommes...
Merci pour la référence bibliographique. Je me la note précieusement.
Sur ton deuxième commentaire, c'est bon de savoir que je pourrais compter sur toi Merci. Quant à y songer "sérieusement" à ce projet déjà "vieux" de plus d'un an, il avance, il avance... à la mesure de mon temps et de mes moyens...

37. Le jeudi 16 août 2007 à 10:51, par dorothée

Je pense que la reconnaissance commence à la maison... c'est une question d'éducation, ça ne peut pas se faire sur une génération. (Je serais assez curieuse de connaitre le point de vue des enfants de "chiennes de garde", ou autres mouvements féministes sur l'égalité des sexes...quelles idées sont rééllement appliquées à la maison?)
Donc dans ma logique: tant que ces idées ne seront pas admises dans toutes les maisons, comment reconnaître des femmes dans des rues entières!

38. Le jeudi 16 août 2007 à 21:41, par Corinne - site

@ Dorothée : oui tu n'as pas tort Mais l'éducation "familiale" suffit-elle vraiment ? Isabelle est une pro dans ce domaine. Son avis pourrait être précieux...

39. Le jeudi 16 août 2007 à 22:20, par Isabelle Buot-Bouttier - site

Bonjour,

Que d'éloges me fais-tu là, Corinne, une pro, non ! D'autant que le sujet est complexe et que l'avis de spécialistes tels que des sociologues, psychologues, historiens ne serait pas de trop. Plus humblement et du point de vue de la simple éducatrice que je suis, il me semble en effet que l'éducation est fondamentale sur cette question comme sur tant d'autres (ça fait très « début de réponse d’un homme politique », ça !). N'oublions pas en effet que ce sont bien souvent les mères qui perpétuent la différence de traitement entre les garçons et les filles. Elles vont en effet bien souvent plus facilement envisager de préparer à manger ou de repasser le linge de leur adolescent que de leur adolescente ! Pourquoi ? Je n'ai pas la réponse mais s'il existe des études sociologiques à ce sujet ce serait très instructif de pouvoir les consulter.

Cette attitude se retrouve également dans des situations de mariage forcé ou d'excision. Les mères ont elles-mêmes souffert de ce vécu mais sont pourtant bien souvent les premières actrices de la mise en place de l'acte pour leur fille. Les femmes qui parviennent à trouver la force de prendre de la distance avec la coutume et de conscientiser la violence et la douleur qui l'accompagne expliquent qu'elles ont perpétué cette situation pour éviter à leur fille d'être exclue du système social. Il s'agirait donc dans leur esprit d'une sorte de mal pour un bien.

Mais pour revenir plus précisément à notre sujet, l'éducation familiale et sociétale sont très imbriquées, en effet, comment amener la prise de conscience dans les familles si ce n'est à travers des messages émis par la société ? Il me semble d'ailleurs qu'il n'y ait pas vraiment de vecteurs plus efficaces pour cela que les médias (bien que je déplore souvent l'usage qui en est fait !).

Je regrette par ailleurs le fait que lorsque le sujet est abordé, il l'est soit par des médias de bien maigre qualité, sous des angles populistes dont le seul moteur est le taux d'audience. Le résultat est souvent contre-productif puisqu'il ne s'agit alors que de perpétuer des clichés qui assoupissent le peuple. En revanche, quand la question est traitée de manière intelligente, elle l'est à huit clos et dans une forme souvent très intellectualisée. Autrement dit les "intellos" se gargarisent de leurs hautes pensées tandis qu'on endort le peuple à coup de débilités. Qui a dit que le temps de la lutte des classes faisait parti de l'histoire ?

La solution ? Créer des lieux de débats sur toutes formes de médias avec des spécialistes et non spécialistes autour d'une parole ni débilisée ni intellectualisée à outrance...
Un débat qui pourrait alors peut-être s'immiscer dans les chaumières et animer toutes les ménagères et les ménagers. (Ça, ça me rappelle une chanson, non ?).

Isabelle

40. Le samedi 18 août 2007 à 12:04, par Corinne - site

@ Isabelle : merci pour ce point de vue.
Je suis toute surprise de constater qu'à partir d'un billet qui évoquait la rareté dans Paris des noms de rues attribués aux femmes, nous voilà en plein débat sur l'éducation Une disgression vraiment intéressante... J'espère pouvoir y revenir à l'occasion d'un billet plus spécifiquement orienté vers ce complexe sujet.

41. Le samedi 18 août 2007 à 19:03, par Une autre Corinne - site

Voici un extrait d'un compte rendu que j'ai rédigé il y a quelques mois. Si ça peut apporter de l'eau au moulin ... Ca ne parle pas des noms de rues, mais de la postérité féminine en terme de création artistique ou autre.

"Petit résumé de la rencontre-débat sur le thème « Création : où sont les femmes ? » du 16 janvier 2007 à Echirolles (38) (animée par l’auteure du livre du même nom, Nathalie Epron)

Ce débat a commencé par une visite guidée de l’exposition « 9 femmes graphistes ». Ce titre a donné le ton de la rencontre : les femmes se sentent obligées de s’afficher par leur spécificité féminine, y aurait-il eu une exposition intitulée « 9 hommes graphistes » ? Probablement non. L’art n’a pas de sexe et pourtant…

Il paraît qu’un homme a dit qu’il faut se rendre à l’évidence quand on regarde notre passé créatif : peu de femmes se sont distinguées. Tollé général : il y a bel et bien une réelle création féminine, mais elle n’est pas visible. Il y a deux ans, lors du Mois du Graphisme d’Echirolles, une personne organisatrice a été fortement surprise de constater que la majorité des personnes assistant aux conférences était des femmes, et que les personnes sur scène étaient des hommes. Nathalie pense que la France est très en retard par rapport à d’autres pays européens sur la reconnaissance des actions féminines.

(Pause humour : il y avait quelques hommes à cette rencontre du 16 janvier (comme quoi, nous ne sommes pas si éloignées d’eux), dont mon compagnon qui a failli se faire lyncher quand il a voulu blaguer en me disant « au lieu de perdre ton temps ici, file faire à manger » !)

Dans les dictionnaires, on remarque que les femmes citées ont pratiquement toujours un référant : elles sont « femme de Untel», «mère de Untel », « fille d’Untel », donc visibles à travers un homme. L’entrée dans le dictionnaire est souvent le prénom de la femme, pour l’homme, c’est son nom de famille.

Le poids de notre culture masculine est énorme, la langue française aussi (qui privilégie l’usage du nom masculin pour les métiers, et pour le nombre (s’il y a 1 élément masculin dans une liste, parmi 100 autres éléments féminins, on dit « ils » au lieu de « elles ») et certaines pensent que l’une des étapes est de commencer à changer notre vocabulaire : on peut dire « auteure », « metteure en scène », « écrivaine »… Quid de « maîtresse auxiliaire » qui est plutôt péjoratif par exemple ? (Sculptrice, c’est pas terrible à l’oreille non plus, alors que faire ?). Nous en sommes, nous aussi les femmes, responsables. Certaines d’entre nous exigent de faire figurer « Directeur » sur leur carte de visite au lieu de « Directrice » qu’elles trouvent diminuant. Pourquoi ?

Quelle aussi est cette habitude dans les médias, lors de la mise en lumière d’une femme, de préciser si elle est mariée et a des enfants, où elle habite ? Choses qui ne sont jamais précisées lorsqu’il s’agit d’un homme.

Enfin, il semblerait qu’un gros boulet est ancré en nous depuis la nuit des temps et dont nous, hommes et femmes, ne savons comment nous en débarrasser : la création serait le propre de l’homme, la procréation le propre de la femme. Serait-il impossible de créer et de procréer en même temps ? "

42. Le dimanche 19 août 2007 à 10:23, par Corinne - site

@ Une autre Corinne : Merci pour ce compte-rendu très révélateur, une fois de plus, du chemin à parcourir vers une véritable reconnaissance féminine dans un certain nombre de domaines et métiers, comme la création et les médias. Je reste cependant optimiste...

43. Le mardi 21 août 2007 à 10:00, par Fafa

Pour être honnête le débat me gonfle. Relisez vous toutes là et essayez de réflechir deux minutes à ce que vous avez écrit. Dans certains cas c'est stupéfiant.
Au fait un homme qui travaille, qui s'occupe de ses enfants et qui regarde le foot après c'est quoi ? Triple journée ? Si vous réclamez des avantages sociaux considérant une "double journée" pour les femmes, je vous demanderai de faire de même pour les hommes.
Je vous laisse a vos débats néanderthaliens et je retourne au 21es. Ne vous étonnez pas de lasser la plainte continuelle injustifiée et non pertinente lasse. Et puisque vous parliez des pays scandinaves merci d'aller aussi échanger avec les femmes issues de cette culture que vous allez beaucoup faire rire je n'en doute pas une seconde.

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