formation Gaëlle a entrepris des études de droit à la fac tout en occupant un poste de secrétaire. Son rêve : devenir avocate. Elle en était à sa troisième année de droit, jonglant entre les cours, son emploi et sa famille, lorsque son entreprise la licencie. Elle s’inscrit donc aux Assedic et à l’Anpe, à qui elle raconte son cursus et son envie de continuer à se former. Elle découvre alors qu’un demandeur d’emploi n’a pas le droit de poursuivre des études universitaires sous peine d’être radié. Toucher les Assedic et étudier ?! Vous n’y pensez pas ?! Et quand donc trouveriez-vous le temps de chercher un emploi ? Hein, quand ? Comble de l'ironie, l'Anpe lui propose une formation à la... bureautique ! Parfait pour une secrétaire aussi expérimentée !

Gaëlle reste déterminée. Il faut qu'elle trouve une solution financière, "le salaire de mon époux ne suffisant pas seul à assumer les charges du ménage". Elle frappe aux portes du Fongecif qui ne peut rien pour elle car elle était embauchée en CDI (je résume). Elle est aussi trop âgée pour bénéficier d’une bourse par l’intermédiaire du Crous. Ultime solution : être "stagiaire de la formation continue". Elle pourrait ainsi toucher les Assedic, être exonérée des droits d’inscription à la fac, mais dépendrait du Cerfa qui lui demande tout de même de s’acquitter de… 3 000 euros ! "Ma banque a bien évidemment refusé de me faire un prêt, me raconte Gaëlle. Je suis déjà à la limite de mon autorisation de découvert, et je ne sais pas encore comment je vais régler le fuel pour remplir ma citerne, alors payer ce prix demandé pour les écoles de commerce !!!".

Quelle solution reste-t-il à Gaëlle ? "Il y a d'un côté ce qui est légal, et de l'autre ce qui est juste. J'ai fait mon choix." En juin dernier, elle a donc passé ses examens de licence "en douce" et s’est inscrite "en cachette" en septembre à un master en droit privé. Ce qui ne l’empêche pas de faire scrupuleusement sa recherche d’emploi. "Chaque fois que j’ai un entretien avec ma conseillère Anpe, je viens toujours avec plus de 15 candidatures en cours. On ne peut pas dire que je tire au flanc !". Le problème, c’est que les recruteurs la trouvent soit trop diplômée pour des postes de secrétariat, soit pas assez pour des postes de juristes. "Je suis donc condamnée à réussir et condamnée à le faire dans la clandestinité...".

Loin d'être amère sur l’hypocrisie de cette situation, Gaëlle reste positive. "Je me suis fait le serment de ne jamais devenir aigrie : la lutte, l'ambition, c'est une chose, mais l'injustice des dispositifs institutionnels ne doit pas venir abîmer notre ouverture d'esprit, notre foi en un avenir professionnel meilleur. Je sais qu’un jour je serai avocate parce que j'ai ça dans la peau, c'est tout !"

Je ne sais pas vous, mais moi je sens que Gaëlle sera une très bonne avocate ! :-)

EDIT du 11/01/08 : l'Anpe réagit suite à ce billet (commentaire n°7). Merci Rose ! :-) Mais n'hésitez pas à lire les autres témoignages, bons plans... Et bien sûr, le commentaire (n°10) de Gaëlle.