Mon père, le premier homme de ma vie

le_premier_homme_de_ma_vie "Dans la vie d’une femme, un père, présent ou absent, occupe toujours une place à part. Qu’il soit tyrannique ou angélique, possessif ou indifférent, distant et maladroit ou affectueux et complice, il est avant tout le premier homme de sa vie.

Il peut être l’épaule consolatrice ou le souffre-douleur, le compagnon le plus fidèle parce que "celui qui ne trompera jamais" ou l’électron libre impossible à cerner. Mais dans tous les cas, il est un point de repère. Que l’on fait sien ou que l’on écarte. Le baromètre de la vie intérieure et affective de chacune (…).

Cette figure (ce modèle ?) détermine, souvent sans qu’elle en ait conscience, les choix et les décisions, la tonalité de la vie amoureuse et professionnelle ultérieure, de la petite fille devenue femme. Non pas que l’on soit prisonnière de son père ! Mais force est de reconnaître combien son existence, sa personnalité, ses prises de position, les valeurs qu’il incarne, ses qualités et ses défauts laissent une empreinte, et même parfois, un parfum enivrant, parfois repoussant, mais toujours tenace. Et combien ce regard masculin compte, tant il révèle à la petite fille sa féminité et fonde son pouvoir de séduction (…)."

Ces propos sont extraits de la préface du livre écrit par la journaliste Olivia Benhamou Le premier homme de ma vie. Il raconte les liens qui unissent onze femmes connues à leur père : Anne Goscinny, Mâkhi Xenakis, Francine Doisneau, Brigitte Lahaie, Roselyne Bachelot, Françoise Héritier, Camille Laurens...

Des témoignages touchants, étonnants, tragiques parfois, qui renvoient bien sûr à notre propre relation avec notre père. Unique pour chacune d'entre nous...

En fait, pour ne rien vous cacher, ce très beau livre me sert surtout de prétexte pour vous amener à évoquer ici votre père. Vu le poids qu'il peut avoir dans notre vie personnelle et professionnelle, j'ose me montrer curieuse... du vôtre. Oh, juste quelques mots, un souvenir, une phrase de lui que vous n'avez jamais oubliée, un trait de caractère, ce qu'il vous a appris, cela suffira. Bien entendu, si vous avez envie de vous épaucher davantage ou tiens, même de règler quelques comptes, pas de souci non plus.

Qui commence ?

Par Corinne Dillenseger, le mercredi 28 mai 2008 à 11:57
Catégorie : Eux aussi

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Commentaires

1. Le mercredi 28 mai 2008 à 12:15, par iki - site

Bonjour Corinne et tous les autres fidèles de ce blog,

Je suis plutôt discrète ici et n'interviens que très rarement mais là, la perche était trop belle pour ne pas la saisir...

Oui, le père est une figure majeure de notre vie, celui qui nous aide ou pas d'une certaine façon à être femme...

A environ 18 ans, j'ai découvert sur le livret de famille de ma mère cette mention sèche et impitoyable : "Née de père inconnu".
Pourtant j'avais quelques images en tête de ce père absent et que je n'ai jamais appelé "Papa". Il n'a aimé que ma mère, je ne faisais pas partie du programme.
Dernier contact avec lui, je l'ai appelé à son travail, j'avais environ 12 ans, je comprends à son ton que je le dérange, il me dit qu'il ne peut pas parler, qu'il me rappellera plus tard. Je raccroche, je sais que je viens d'entendre sa voix pour la dernière fois, malheureusement je ne me suis pas trompée.
Tous les ans, j'écris à la mairie de sa ville de naissance pour avoir un extrait d'acte de naissance et ainsi savoir s'il est toujours en vie, s'il a divorcé ou ce genre de mentiosn légales, c'ets le seul moyen pour moi de savoir ce qu'il devient.

Plus j'avance dans la vie et plus je me rends compte que si enfant on arrive à se passer de la présence paternelle, on paye cher le prix de cette absence en tant que femme.
Un jour, j'ai eu l'idiotie de dire à une amie que je l'enviais de pouvoir pleurer ce père aimé qu'elle venait de perdre.

Je reviendrai ici vous lire car je sais que beaucoup ont de très belles histoires de père et j'ai tellement envie de lire cette beauté qui m'échappe...

2. Le mercredi 28 mai 2008 à 12:16, par Chez Tine - site

tous les deux, on s'est raté ...
artiste, sensible, émotif et seul ... meilleur danseur du balajo dans son jeune temps
il me manque, voilà tout
merci à toi, ma corinne, de me permettre de "lui" dire aujourd'hui que "je l'aime"
bisous

3. Le mercredi 28 mai 2008 à 12:35, par Delphine

Aie, aie, aie...
Mon père ce héros, ce bourreau, ce salaud...
Je suis la dernière, la seule fille 'une tribu de 4 enfants. Ce peut-être un avantage lorsque petite, il m'attend sur la première marche de l'escalier qui descend à la cuisine, et me porte sur son dos doucement alors que je viens juste de me réveiller, je dois avoir 6 ans et me place délicatement prêt du radiateur, alors que mes frères sont réveillés, lumière dans les yeux, "debout" crie-t-il, ils se croient à l'armée...et puis il met tous ses espoirs de réussite sur le dos de ces enfants, le plus grand d'abord qui a la lourde tâche de tout réussir mais aussi de tout subir, il se rebelle, cela passe au 2ème, etc, etc jusqu'à moi.
Ah!sa fille, seule et unique fille; problème je suis une fille justement, comme les vêtements qui passent du plus grand au plus petit, l'éducation c'est pareil, les règles sont les mêmes pour tous, les savates qui volent, la ceinture qui claque...et la rebellion qui gagne. Je pars de la maison à 19 ans, nos rapports restent tendus longtemps et puis je me rends compte au fil des années que je ne le changerai pas, c'est à moi de travailler sur moi si je souhaite un jour être libre et heureuse. C'est ce que je fais, longtemps, je pardonne, je grandis.
Aujourd'hui je suis libre, heureuse et je regarde ce grand homme, au visage dur et marqué par le temps et les années.Ses cheveux blancs qu'il a toujours eu qui lui donnent cet air encore plus dur, cet homme là c'est mon papa.
La 1ère fois qu'il m'a dit "je suis fière de toi, je t'aime" j'avais 33 ans.
Aujourd'hui je sais aussi lui dire je t'aime papa.

4. Le mercredi 28 mai 2008 à 12:40, par Fabrice D - site

et toi ?

5. Le mercredi 28 mai 2008 à 13:28, par anne

indifférent ? dépassé ? traumatisé par la guerre d'Algérie ? trop jeune ? en souffrance ? lâche ? dévoré par la brutalité de son couple ? faible ? démuni ? égoiste ? abasourdi par la dureté de la vie ? anxieux pathologique ? je ne sais toujours pas, 46 ans après...
ce qui ne m'empêche pas de l'aimer, amais avec une douleur ancrée : j'aurais pu avoir un père qui me soutienne.

6. Le mercredi 28 mai 2008 à 13:30, par fabrice D - site

je suis heureux d'être père ... de garçons ...

* pourtant j'ai souvent rêvé d'avoir une fille *

ps : si tu réponds pas à "et toi?" ... personne t'en voudra ...

7. Le mercredi 28 mai 2008 à 13:31, par micky

Mon père est un pianiste classique concertiste célèbre. Il m'a apporté beaucoup (ainsi que ma mère) dans ma connaissance, tout-à-fait empirique, de la musique et du beau.
Grâce à lui j'ai vécu des moments forts au travers de la musique et de l'art. Je lui dis merci pour tout cela

8. Le mercredi 28 mai 2008 à 13:37, par delphine

pour fabrice "et toi?" quoi?

9. Le mercredi 28 mai 2008 à 13:46, par Nila

Un père qui fait preuve d'une indifférence teintée d'hostilité : voilà ce qui résume mon enfance près de lui. Mes filles n'échappent pas à ce comportement malgré de très gros efforts de ma part... aujourd'hui et en fait depuis environs 2 ans il s'est opéré une "rupture affective" sans que je l'aie cherché, donc plus de souffrance de ma part mais plus aucun sentiment. Une vraie libération. Je fais mon devoir de fille, au minimum. Mais je n'ai plus de père, au sens affectif du terme.

10. Le mercredi 28 mai 2008 à 13:54, par Corinne - site

@ tous : voici donc déjà une pluie de beaux, parfois douloureux, témoignages... Merci !

@ Nila : sois la bienvenue !

@ Fabrice : jocker alors

11. Le mercredi 28 mai 2008 à 14:17, par Laurence D - site

Super sujet, Corinne!
Mon père est mort il y a 20 ans et il ne manque jamais. Parce que ce qu'il m'a donné est vivant en moi. J'ai eu la chance de pouvoir lui dire avant sa mort et ce moment reste une satisfaction immense. Grâce à l'accompagnement que j'ai pu trouver dans une unité de soins palliatifs. C'était le premier qui s'ouvrait en France, et mon père a été le premier malade à y entrer. Satisfaction énorme aussi d'avoir su trouver cette entité avant même qu'elle n'ouvre. Pour ne pas reproduire l'expérience désespérante, 10 ans avant, de la mort de ma mère par piqure léthale dans une solitude médicale démente. Quand plus aucun médecin n'entre dans la chambre et qu'il se contente finalement face à son impuissance d'envoyer une infirmière "régler le problème".
La mort de mon père m'a aidée à réparer celle de ma mère. Par contre, 30 ans après, ma mère me manque toujours car elle m'a toujours fait défaut! L'oedipe ne se joue pas que du côté des enfants, il y tout ce que les parents y rejouent eux-même de leur histoire et qu'ils projettent sur l'enfant.
Tout ça pour dire que "l'amour ne suffit pas", l'histoire peut néanmoins être lourde et compliquée et on peut mettre très longtemps avant d'en tirer les aspects positifs.
Mais c'est vrai que je mesure maintenant la force vitale que cet amour m'a donné. Plus l'accès à la culture et à l'art que mon père, architecte, a su me donner. Et ce qu'il a construit comme représentation du monde et du travail, riche d'ouverture aux autres et à l'international, puisqu'il parcourait le monde pour son travail.

12. Le mercredi 28 mai 2008 à 14:22, par fabrice D - site

je vais vous dire un mot de mon père ... mais je ne suis pas sa fille, le pauvre n'a que quatre fils :D ...

pour des raisons qui s'expliquent sans doute, mon père a été le vent contre lequel j'ai du naviguer ... ça fait certainement un bon moteur mais j'attendais tout autre chose que du 'Fabrice ne marchera jamais" "Fabrice ne saura jamais lire" ... etc etc ... jusqu'au récent "Je ne sais pas trop qui tu es" ... Pourtant la relation est cordiale ...

son attitude m'a poussé à imaginer mon rôle de père ... je ne suis pas dans l'imitation ...

* je marchais à 9 mois, je lisais après 2 mois de classe ... :D *

13. Le mercredi 28 mai 2008 à 15:18, par Dom - site

Papa est mort l'an passé, dans mes bras. Dans quelques jours, cela fera tout juste une année. Cela faisait quatre ans que nous nous étions retrouvés, après 20 ans de silence, de distance, de douleur et de beaucoup de colère.
Oui, un père, même imparfait, même très imparfait, même violent, s'il vous aime, même mal, reste le premier homme de notre vie, celui qui sans qu'on le veuille toujours guidera nos choix, nos amours aussi parfois.
Le souvenir de mon père est tout ce qui me reste de lui, quelques photos en noir et blancs, et les derniers mois où enfin, nous nous étions enfin dit notre amour, malgré tout.
Ne pas se dire qu'on a le temps, parfois il passe bien plus vite qu'on ne le pense.

14. Le mercredi 28 mai 2008 à 15:39, par Franck - site

Quel formidable sujet !
Et quel responsabilité, qui est certe celle de tout parent, mais qui semble encore plus grande s'agissant du père envers sa fille.
Sachant que j'en ai quatre...
Il faut vraiment que je me pose cette question: quel père suis-je pour mes filles ?
Merci encore Corinne de nous faire réfléchir.

15. Le mercredi 28 mai 2008 à 15:47, par Corinne - site

@ tous : je suis très émue par tout ce que vous écrivez... Merci pour ces moments intimes de partage...

16. Le mercredi 28 mai 2008 à 20:26, par iki - site

Merci à toi Corinne car parler des pères ou "non-pères" est aussi une façon de leur rendre hommage.

Effectivement, à lire tous ces témoignages, les pères actuels de filles peuvent trembler de savoir à quel point ils marqueront la vie de leurs "petites".
Ceci dit, en tant que mère, je sais aussi que je porterai pas mal de responsabilité sur le devenir de mes enfants, garçons et fille. J'arrête là ma digression, revenons aux pères

17. Le mercredi 28 mai 2008 à 20:59, par Nicolas - site

On ne choisit pas son père, et on apprend à vivre avec. En plus une relation père-enfant est peut être plus complexe qu'une relation mère-enfant, de part la diversité possible des modes d'éducation possible.

Le mien a toujours été très distant, voire même froid. Et inconsciemment cela a beaucoup influencé sur mon caractère. Un père reste avant tout un modèle, malgré ses défauts. Reste à chacun de faire en sorte de devenir meilleur.

18. Le mercredi 28 mai 2008 à 21:09, par Emmanuelle - site

Exigeant, pudique, sévère, aimant... je n'aurais pas souhaité en avoir un autre.
Je l'admire toujours.
Je suis pleine de reconnaissance pour ce que mes parents ont fait autour de moi, posant les bases de celle que je suis aujourd'hui.
Pour situer : fille aînée d'une fratrie de deux, j'ai un frère 18 mois plus jeune.

19. Le mercredi 28 mai 2008 à 22:18, par Fafa

Depuis que je le "connais" mon père a toujours eu des secrétaires...cela restera sans commentaires...

En fait dans ma prochaine vie j'aimerai bien que mon père ait des grands scientifiques ou des prix nobels...

20. Le jeudi 29 mai 2008 à 08:45, par Anne ms

J'ai grandi ave l'idée que je ne l'interessais pas , de là à déduire que je n'étais pas intéressante en règle générale ,le pas a été vite franchi.
C'est à mes 27 ans qu'il m'a dit un jour que "j'étais l'enfant de l'amour"
(Mon frère serait arrivé par la volonté de ma mère qui tentait de ressouder son couple (!!!) .C'était un peu tard et ça a fait mal.
Maitenant et depuis qqs années , nous avons apaisé notre relation
j'ai fait le deuil du père que j'aurais aimé avoir et j'ai accepté celui que j'ai.Nous avons même réussi à échanger un "je t'aime"qui ne se reproduira pas souvent : pudeur de mon père et légère réticence de ma part . On sait jamais , je pourrai encore me prendre une baffe: dans ma famille (et pas seulement le père), il y a des spécialistes des reflexions blessantes et puis je n'ai pas trop eu l'habitude de l'entendre ou de le ressentir,le pli est pris tout de même.

21. Le jeudi 29 mai 2008 à 08:48, par Anne ms

"L'entendre ou le ressentir" : je parle de l'amour de mes parents à mon égard

22. Le jeudi 29 mai 2008 à 09:41, par CC

J'ai un père mais je ne le vois plus depuis plusieurs années. Mes parents ont divorcé quand j'avais 6 ans...j'en ai 34 aujourd'hui. Quand je le voyais, il ne s'intéressait pas à moi, ne me posait aucune question. Un jour il m'a dit qu'il m'aimait, mais rien après n'a suivi. Il a refait sa vie, a d'autres enfants que je connais peu.
Quand adulte, j'ai fait certains choix de vie, je n'ai eu droit qu'à des critiques. Un jour, je l'ai recontacté, mais il n'a pas souhaité répondre à mes questions.
En lisant ce billet, je cherche l'influence qu'il a pu avoir sur mes choix personnels, professionnels, je ne vois pas trop.
Que m'a t-il apporté ?? De la déception, de la tristesse, ce manque de confiance qui fait qu'en tout homme je recherche cette approbation, cette reconnaissance, cet amour sans limite qui me semble être des éléments qu'un père donne à sa fille...

23. Le jeudi 29 mai 2008 à 10:13, par Clo

Ben moi j'en ai deux !! un "vrai" et un "adoptif". Je les appelle tous les deux papa et ils m'ont apporté des choses différentes et complémentaires, ce qui fait qu'au final, je crois, je n'ai aucun manque de ce côté là !

24. Le jeudi 29 mai 2008 à 11:29, par Littleboy - site

Ah, mon père ce ... zéro ??? Euh, non héros ... ou l'inverse je ne sais plus bien.

Mon père, on ne voit que lui 1.87 près de 95Kg autant dire que de toute façon il ne peut pas passer inaperçue. Le seul problème, il ne faut pas rester ni à côté de lui ni dans son ombre si on espère être vue, reconnue ( à sa juste valeur ).
Mon père de 46 ans, a 19 ans une bande de copains plus grande que la mienne - à mon grand désespoir - et un compte en banque inférieur au mien.
Mon père je lui ai sauvé la vie 2 fois quand il avait sa leucémie, mon père il a manqué de me tuer dans un accident de voiture. Mon père ne me l'a jamais dis en face.
Mon père, il est beau souriant, un vrai tombeur, mais le tombeur charmant parce que ce n'est pas un price non plus. Moi ? Moi, j'ai pas mes cheveux, j'aurais voulu être plus grande, non pardon plus grand, blond, et fort comme lui.
Mais ça mon père il ne le sait pas, il rit avec ses amis, et moi je le regarde de loin. Je n'arrive pas à me décider : est-ce que je les envie ou est-ce qu'ils me dégoutent ? En tout cas, ils ne me laissent pas indifférent, parce qu'eux au moins, il les regarde.

Ah làlà, j'aurais tant de choses à lui dire à mon père, mais j'ai la boule dans la gorge, et les larmes qui montent, alors comme il m'a appris à pas pleurer je me tais, et pars ailleurs.
Je vais te l'écrire Papa, - tout en versant quelques larmes-, Papa je crois bien que je te hais, autant que je t'aime, mais je t'en prie, arrête de me torturer : pour m'approcher conduis toi comme un homme - je pense que tu devrais savoir comment on fait depuis 46 ans (?) - et pas comme un ado, t'es pas mon mec !

Papa, je t'hais-me !

25. Le jeudi 29 mai 2008 à 11:39, par Delphine

La suite...
j'ai fait tout le contraire de ce qu'il attendait de moi.
J'ai fait sport études pendant 10 ans, élève brillante, sportive accomplie jusqu'en 3ème. Au moment de l'orientation, il a souhaité que je fasse St Cyr comme mon grand frère, ma mère c'est opposée à ce choix (merci mille fois maman) et en 2de: la dégringolade!
J'ai arrêté sport études, redoublé ma 1ère, le BAC...je devenai sa bête noire, "qu'est-ce que je lui faisais..." et moi alors!je souffrais dans mon coin, délaissée, incomprise, ma mère essayant tant bien que mal de faire tampon.
Le choix pour les études supérieures l'apothéose!
"Fait des études courtes, trouve un métier ou tu pourras rester à la maison, élever tes enfants, ton mari gagnera assez d'argent!!"AAAAh
Merci j'ai choisi un 1er métier où l'on gagne très bien sa vie, aujourd'hui j'ai créé mon entreprise, je suis libre, la nature ne veut pas que j'ai d'enfants et je vie mon bonheur parfait avec une femme.
Merci papa, je t'aime fort

26. Le jeudi 29 mai 2008 à 12:00, par As - site

olala je lis vos témoignages et je me dis que je suis chanceuse d'avoir un père qui s'est toujours bien occupée de moi !
Bon d'accord je rechigne souvent car il me fatigue avec ses remarques/ses conseils "as-tu répondu à tante machin ?" ou "tu ne devrais pas plutot...' alors que je suis mariée et mere de 3 enfants (!) je l'aime beaucoup, on a toujours eu une bonne complicité, à echanger sur beaucoup de sujets. Il a eu 3 filles, cela l'a sûrement sensibilisé à la psychologie féminine !!
En tous cas nous avons toujours eu droit à de gentils compliments quand nous étions en "beauté" (pour une soirée, un mariage !). je crois que j'ai pris sa "suite" en faisant des études de com' parce que je me sentais proche de ses centres d'intérêt... Par contre il y a une chose qui m'a toujours dérangé : m'apercevoir que mon père pouvait séduire ou être séduit... je n'ai pas dû tout régler niveau psy !!

Bref voilà, parfois mon ptit papoun il un parfois un peu maladroit mais tellement présent ! je crois que c'est plutôt ça ma chance !! je l'aime très fort et je lui ai deja écrit, j'avais trop peur qu'il ne parte avant !

27. Le jeudi 29 mai 2008 à 14:10, par Cécile

Mon père, je l'admire : il est solide, pas du tout du genre à fuir ses responsabilités. Il a su "assurer" quand ma mère n'en était pas capable. Bien sûr, il a les défauts de ses qualités : responsable, mais pas rigolo. Organisé, mais incapable d'improviser. Ordonné jusqu'à la maniaquerie. Et pudique, trop pudique, au point que c'est par les amis que j'apprenais qu'il était fier de moi : il ne me le disait jamais directement. Mais ces choses là se sentent, et cette fierté envers sa fille a forcément participé à ma personnalité. Je ne suis pas sûre, en revanche, qu'il ait beaucoup contribué à la construction de ma féminité.
De bon père, il est devenu bon grand-père.

28. Le jeudi 29 mai 2008 à 14:19, par alex au tibet

Je suis arrivée dans la vie de mon père alors qu'il avait 50 ans (un peu par hasard car mes parents ne souhaitaient pas / plus d'enfants - ma mère avait un fils d'un premier mariage et dont elle n'avait pas eu la garde : à l'époque une femme qui partait du domicile conjugal pour fuir les coups était punie de cette façon).

Enfant pas vraiment désirée donc mais néanmoins acceptée et finalement très aimée. Couvée, aimée de façon exclusive et parfois maladroite par ce père excessif, aux idées tranchées (à 50 ans on s'éloigne parfois des moules imposés par la société), qui m'a sur-protégée, étouffée parfois. L'adolescence a été source de conflits forts puis lorsqu'il a compris qu'il n'avait d'autre choix que me laisser m'échapper de son giron, les rapports se sont apaisés et sont devenus des rapports adultes.

Je l'ai perdu alors que j'avais 25 ans et lorsqu'il est mort je me suis dit que plus personne ne m'aimerait aussi fort (j'avais tort car ma mère m'aime aussi profondément et sans doute elle, avec la bonne distance). Je pense à lui lorsque je rencontre des gens et que je les cerne quelle que soit leur attitude, je pense à lui quand je constate que certains de ses jugements un peu radicaux étaint vrais, j'ai son intuition, son humour un peu pince sans rire et son hyper-sensibilité sous l'introversion. J'espère que là où il est, il voit mon fils.

29. Le jeudi 29 mai 2008 à 14:22, par Corinne - site

@ tous : et bien... il a des papas qui doivent avoir les oreilles qui sifflent en ce moment, en bien comme en mal, et quelque soit l'endroit où ils se trouvent...

@ CC @ Clo : premier commentaire ici, non ? Soyez les bienvenues alors !

@ Alex au Tibet : je suis si contente de te lire ici... Merci.

30. Le jeudi 29 mai 2008 à 20:45, par Corinne - site

Je me demandais en vous lisant si l'instinct parternel finalement cela existe ou pas... un peu comme l'instinct maternel qui fait grand débat à chaque fois qu'on l'évoque.

Qu'en pensez-vous ?

31. Le jeudi 29 mai 2008 à 21:10, par Céno (La Babole) - site

Ouh là... Là, c'est le père qui parle ! Je ne sais pas quelle est la teneur du débat qui a lieu concernant l'instinct maternel (je n'ai pas feuilleté tout le blog : je ferai 10 notre père - ah ah, le jeu de mots !!!)

Si l'instinct maternel est celui de comprendre au moindre regard ce que l'enfant va faire ou dire, si l'instinct maternel est celui de protéger à la bonne distance sa progéniture, si l'instinct maternel est celui de prioriser la "vie" de l'enfant durant une certaine période, etc, etc... pourquoi voudriez-vous que le père n'ait pas le même "instinct".

Alors, c'est sûr, il n'y aura pas eu ce lien physique, charnel (au sens de chair) initial, mais il n'empêche que le père, si tant est qu'il soit à la bonne place - et c'est un autre drame quotidien- , ne reste-t-il pas insensiblement celui qui va instaurer du lien vers les autres, vers la règle, vers l'ailleurs, de par sa fonction de père tout simplement...

Est-ce suffisant pour parler d'instinct ? Je ne sais pas. Par contre, je sais éperdument que les quelques exemples dénommés plus haut instinct maternel peuvent, en ce qui me concerne, se conjuguer au masculin !

Foudji, une 'tite poussée psycho-gnangnan qui m'a séché, là...

Allez, je vais commencer mes 10 notre-père

32. Le jeudi 29 mai 2008 à 21:58, par fabrice d - site

je crois que ça existe ...

33. Le jeudi 29 mai 2008 à 22:25, par Corinne - site

@ fabrice d : à lire certains témoignages ici, j'ai vraiment comme un doute...

34. Le jeudi 29 mai 2008 à 22:38, par fabrice d - site

ben moi je le ressens ...

faudrait sonder les gosses de 10 à 15 ans ...

pas les trenteQuarantenaires :D

mais ça se fabrique je pense ... j'ai entendu un podcast à ce sujet ... tout récemment ... je cherche :D

35. Le vendredi 30 mai 2008 à 09:55, par Cely - site

Ah, vaste sujet que les relations père-fille !
A lire les commentaires je me rends compte qu'il y beaucoup plus de filles qui ont le même genre de relation avec leur père que moi. Je l'aurais pas imaginé. Et quelque part ça me "rassure".

En ce qui me concerne, j'ai toujours eu une relation difficile avec lui. Petite j'en avais une peur bleue, j'étais en permanence sur mes gardes pour ne pas lui déplaire. Evidemment je n'y arrivais pas et je crois que tous ces efforts n'ont fait que renforcer son mépris pour moi. Dans ses yeux je n'ai jamais lu aucune fierté, aucun amour, juste du dégout.
Un souvenir ? Quelques petites phrases du style "tu n'est qu'une larve!",... pas mal de corrections, que ce soit pour mes actes ou pour mes attitudes, des promenades en forêt ou chaque pas était une leçon qu'il fallait assimiler immédiatement "tu le fais exprès, c'est ça ?!".

"Le baromètre de la vie intérieure et affective de chacune" c'est assez vrai car malgré tout l'amour de ma mère, ses encouragements et sa confiance, l'image que j'ai de moi aujourd'hui reste celle que me renvoie mon père... et elle est pas bien jolie.

Je lui en ai voulu longtemps. Beaucoup. Après le divorce (à 12ans, j'ai été tellement heureuse ce jour-là !), j'ai refusé de le voir ; il n'a jamais exigé son droit de visite. Et puis il y a quelques années j'ai compris qu'il n'était pas le monstre que je croyais. J'ai compris qu'il pensait sincèrement bien faire en me poussant à toujours mieux et qu'il n'a pas conscience des conséquences de son attitude envers moi. Mais je garde la conviction qu'il ne m'aime ni ne m'aimera jamais telle que je suis et que si je veux obtenir de la reconnaissance de sa part je devrai me fondre dans son moule.
Alors j'ai pris des distances. Mais j'espère toujours, au fond, qu'un jour il me dira qu'il est fier de ce que je suis devenue.
[L'an dernier il a été hospitalisé, et j'avais tenté un article sur nos relations sur mon ancien blog : lemonde2cely.canalblog.co...

En ce qui concerne l'instinct paternel, je ne sais pas. Ma mère m'a dit récemment que quand je suis née il était aux anges, qu'il m'adorait, un vrai papa poule. Je ne sais pas quand ça a changé. Quand j'ai commencé à avoir ma propre personnalité sans doute...
Il doit y avoir quelque chose comme un instinct paternel, qui s'exprime à divers degrés, et différent de celui d'une mère, plus inconditionnel j'imagine...

36. Le vendredi 30 mai 2008 à 09:56, par Anne ms

Question de personnalité , d'ambiance et d'époque.
Je vais plagier Simone de Beauvoir : on ne naît pas père , on le devient.
Facile , je sais mais c'est comme ça que je le ressens , d'autant plus que mon experience perso me l'a confirmé.

La Babole : faut pas avoir honte , et rajoute qqs 'je vous salue Marie'
La vierge qui a fait un enfant (Joseph ne lui a pas fait de procès et c'était il y a 2000 ans!!!)

37. Le vendredi 30 mai 2008 à 10:35, par klarinette

Mon père est décédé depuis 6 ans, c'est depuis que j'ai appris à l'aimer et l'accepter. J'ai fait une petite thérapie (grâce, à cause de mon fils !?!) et me suis rendue compte que rien ne l'aurait changé, encore moins une fois mort... quoi que !!
Il était distant, par pudeur sans doute, sauf que je ne suis pas vraiment sentie aimée, ni choyée, ni accompagnée.
Mes choix (qu'ils soient scolaires, loisirs ou amoureux) ne lui ont jamais convenus. Il m'aurait bien vu Ingénieur, "En quoi ? - Je ne sais pas... Ingénieur, en ce que tu veux !"
Il me fallait un statut, un niveau social...
après, l'enthousiasme, l'épanouissement, bah oui pourquoi pas si je gagne suffisamment ma vie.

En fait je crois qu'il ne me connaissait pas.
Il était persuadé que je le prenais pour un con, peut être parce que c'est ce qu''il ressentait pour son propre père ...?
Mes parents voulaient un fils, ils ont eu 2 filles.

Maintenant je me sens assez apaisée. J'ai pu en parler avec ma mère il y a qqs semaines, c'était la première fois.
je sais qu'il m'a aimé, même si à ce moment là il ne me l'a jamais dit.

alors l'instinct Paternel ...
J'en ai longuement parlé avec mon mari, qui ne s'est pas forcément sentit père au premier regard, malgré une avalanche d'amour ...
je crois qu'en effet c'est comme l'instinct Maternel : il existe surement mais il est parfois enfouis sous de nombreuses barrières sociales, éducatives ...
Donc Messieurs à vos pieds de biche et marteaux pour dégager tout ça !
La pudeur ça peut être un tue l'amour ...paternel ... !

Merci Corinne

Bonne journée à tous

38. Le vendredi 30 mai 2008 à 15:39, par Marc - site

Bonjour,

je suis très touché par les beaux témoignages que tu as suscités, Corinne. Merci pour ça. La question du père, pour les femmes autant que pour les hommes, quoique différemment, est l'une de celles qu'il faut régler pour devenir pleinement adulte. Et les chemins de la réconciliation sont parfois escarpés...

39. Le vendredi 30 mai 2008 à 20:00, par khey - site

Papa,
je profite d'une note de Corinne pour t'écrire. Oui, oui, à toi ce père absent. Quand je vois certains pères de mon entourage (dont un lecteur de ce site) je me rends comtpe que tu es passé à côté de ton rôle de père, ne t'étonne donc pas que je passe à côté de mon rôle de fille. Je passe sur tes gestes brusques, tes gueulantes, ton absence pendant les 14 1ièrs années de ma vie ... bref, je ne t'en veux pas d'avoir été absent, mais voilà, je suis sortie de ta vie, et ce pour toujours

40. Le vendredi 30 mai 2008 à 23:12, par Francky - site

L'instinct paternel...oui, certainement. Mais évidemment pas du même ordre que l'instinct maternelle, et au passage je ne pense pas qu'il soir bon de vouloir faire remplir au père le même rôle que celui de la mère, mais c'est peut-être un autre sujet...
L'instinct d'aimer ses enfants ? Peut-être, mais il me semble que c'est plutôt celui de la mère pour ses enfants (qui lui me semble être du domaine de l'instinct) que l'on ressent au début, puis on apprend à les connaître, et à les aimer. Par contre, l'instinct de protection de ses enfants, l'instinct poussant à transmettre ses valeurs, ses connaissances, oui, certainement.
Bien sûr, comme le fait remarquer Klarinette, il est difficile de différencier ce qui est de l'ordre de l'instinct, ou du conditionnement social ou familial, et de l'histoire de chaque individu. Un très vaste sujet...

41. Le samedi 31 mai 2008 à 09:20, par Anne ms

Ma propre histoire ne m'a pas porté à être mère.Je suis d'ailleurs restée sans vouloir d'enfant jusqu'à 30 ans et si je n'avais pas rencontré un homme qui en voulait je serai restée une "femme sans" pour reprendre le terme de Madeleine Chapsal.Quand mon fils est né,je n'ai eu aucune illumination mais plutôt une grande peur de la responsabilité que j'avais prise vis à vis de ce nouvel être que j'avais mis au monde et mon amour pour lui a grandi avec lui,non sans douleur.Maintenant et depuis qqs années je peux dire que je l'aime et je suis sereine.Alors qu'on ne vienne pas me dire que c'est inné (surtout avec un air béat,ce qui m'est arrivé alors que j'étais en pleine détresse)parce que là je monte sur mes grands chevaux.
Mais j'ai l'air bien vindicative et je sors du sujet.

42. Le samedi 31 mai 2008 à 11:47, par Corinne - site

@ aux hommes : merci pour votre point de vue. Comme le précise Francky, le sujet sur l'instinct paternel est "vaste" et suscite le débat, tout comme l'instinct maternel, n'est-ce pas Anne ms ?

@ Marc : merci pour ce petit détour par mon blog

@ toutes : je suis contente que ce billet vous donne l'occasion de vous épancher ainsi, voire même de vider votre sac... Merci encore pour vos témoignages.

43. Le dimanche 1 juin 2008 à 15:29, par Fauvette71

Bonjour,

Je trouve tous ces témoignages très émouvants et certains me rapellent mon expérience.

Pour ma part j'ai 2 pères. Un naturel et un qui "m'a élevée".
Ma mère a quittée mon père pendant ma petite enfance. Pour se venger il a réclamé le droit de garde. Une fois alors que nous l'attendions pour sa journée, en compagnie de notre grand-mère (ma mère travaillait), il est venu en voiture devant la porte de l'immeuble où nous habitions alors, est sorti fumer une cigarette et est reparti. Une heure après il est revenu avec un monsieur. Lorsqu'ils ont sonné à la porte, il s'est présenté comme huissier. Mon frêre et moi étions déjà avec manteaux et bonnets, prêts à partir. Et là, l'huissier a compris qu'il avait été appelé pour rien. Il est rentré seul chez nous et nous a posé quelques questions. Il a dit à notre grand-mère de nous garder pour la journée et est ressorti. Nous avons juste entendu qu'il était en colère lorsqu'il a parlé à notre père avant que la porte ne se referme sur lui. Notre père a quand même gardé son droit de garde.

Quelques années plus tard, mon père s'est suicidé, un dimanche, mais avant, il est venu nous chercher mon frère et moi, alors que nous ne devions pas être avec lui ce jour-là. Nous avons appris quelques temps après que dans son testamment il nous avait reniés, si nous étions encore en vie. Nous avons crus être alors débarassés de ces dimanches ennuyeux avec le même poulet frite au déjeûner.

Mais non, notre grand-père paternel et sa fille ont également demandé le droit de garde pour suivre ce qu'aurait voulu son fils décédé. Et la routine a repris, avec le même poulet frites... jusqu'a ce que j'atteigne l'âge où la justice me reconnaisse le droit de faire le choix de continuer à voir cette famille 1 dimanche sur 2. Bien évidemment, j'ai demandé à ce que cela cesse, d'autant que ma mêre s'était remariée entre temps et que nous avions maintenant une soeur du même âge et un petit frêre, né de cette union.

Quelques années plus tard notre grand-père paternel est décédé aussi en nous reniant et ayant réussi à "vendre" tous ses biens à sa fille.
C'en était fini de ma famille paternelle.

Mon père adoptif, que j'apelle papa, était présent surout financièrement, ce qui est déjà beaucoup. Malheureusement, il était toujours absent à cause de son travail (et comme sa fille et moi avions le même âge), il ne s'est pas occupé de nous, pour ne pas faire de jalousie.

En fait il a commencé à avoir des réflexes de père lorsque j'ai eu mon bac. Mais c'était trop tard, pour moi. Il y avait belle lurette que je n'attendais plus d'avoir un mot ou un geste de lui qui soit autre qu'un bonjour bonsoir ou bon anniversaire.

Depuis, nos relations vont mieux, je l'apprécie mais je lui en veux toujours, même si je sais que s'il a eu ce comportement c'était aussi à cause de son histoire personelle (compliquée aussi). Depuis il essaie de rattraper le temps perdu mais ce n'est pas possible.

Moi, j'ai toujours cette impression de vide en ce qui concerne "avoir un père" et surtout je ne fais aucunement confiance aux hommes.

44. Le dimanche 1 juin 2008 à 17:07, par Fauvette - site

Ah ma pauvre Corrine, cela fait des mois que je tourne autour du sujet, et que je n'arrive pas à écrire ce billet sur lui !

45. Le dimanche 1 juin 2008 à 19:11, par Corinne - site
@ Fauvette : oui, je peux comprendre... tu remarqueras que moi-même, je n'ai rien écrit sur le sujet malgré le fait de l'avoir lancé...

@ Fauvette71 : encore un témoignage bien émouvant... Merci...

46. Le lundi 2 juin 2008 à 00:12, par Louis CHATEL - site

Mon père ? Ce serait un bon sujet d'article :o)
Bonne semaine !

47. Le lundi 2 juin 2008 à 16:26, par Corinne - site

@ Louis : hé... pourquoi pas ?

48. Le mardi 3 juin 2008 à 08:11, par Philippe

Entre la lecture de ton post et le survol des réponses, il ne me reste pas beaucoup de temps pour répondre, mais, en bavard incorrigible, je mets quelques mots.

Tout d'abord, un constat. Avec les "temps modernes" les pères ont changés. Suivant les milieux socio-professionnels, les pères ont eu une évolution considérables (entre ceux décrits dans Germinal et... Les possibilités d'une île de Michel Houellebecq)... ils sont passés par toutes les nuances de simples géniteurs nourrisseur d'une marmaille souffreteuse à "jouisseur inconscient"...

Pour en revenir à "Mon Père"... sans aller jusqu'à... ce héros, il y a quand même eu beaucoup d'admiration pour lui.
"IL" était presque la perfection.

D'une adolescence quasi misérable pendant la guerre de 40, a son suicide en 1995 (suite au décès de ma mère qu'il n'a pu surmonter) cet homme a su se montrer un modèle pour le gamin que j'étais ; sans faux pas - à ma connaissance - il s'est graduellement élevé dans un monde qui surfait sur les "30 glorieuses".
Il m'a entouré (bon, j'étais fils unique, alors c'est plus facile...) de son affection "sévère mais juste" et il a toujours su me prouver sa confiance...

C'est bien trop court pour évoquer nos 40 ans de parcours commun ; mais, c'est sa façon de faire que j'ai tenté de reproduire avec mon fils. C'est dire si je l'ai apprécié.

49. Le mardi 3 juin 2008 à 08:33, par Corinne - site

@ Philippe : merci pour ces confidences. Peut-être est-ce aussi un peu de lui que tu tiens cette obstination, ce regard ironique sur ton parcours et sur la société en général, ce courage de t'orienter aujourd'hui vers une nouvelle vie...

50. Le mardi 3 juin 2008 à 13:24, par scmilblick

Mon père, une sacrée histoire !
Là et pas là en même temps, parents séparés très tôt il était toujours discret mais présent durant mon éducation.
Je le voyais d'abord une fois par semaine, puis déménagement oblige, de moins en moins, parfois 1 fois par an.

A force, même si je le considérais naturellement comme mon père il y avait toujours un petit blanc sur mes doutes, mes questions. C'est mon caractère peut être à tout vouloir garder et prendre sur moi.

Au final, c'était une sorte de lien invisible qu'on tissait ensemble.
J'ai vécu un épisode horrible l'été dernier qui a fait que je l'ai perdu beaucoup trop tôt, et trop proche de mon anniversaire.....

Et c'est à ce moment là que le lien invisible s'est concrétisé. C'était un véritable modèle qui s'effondrait devant moi. C'est toujours après que emplie de remords (mais on est adulte, alors faut refouler...) j'ai souhaité lui offrir à ma façon ce que je pouvais, pour le remercier au moins de m'avoir donner la vie.

Oui il n'était pas célèbre, il n'était pas riche, il n'était pas adulé, mais il a quand même réussi à m'amener là où je suis aujourd'hui, avec mes défauts et mes qualités. Ce que je trouve le plus dommage c'est que la vie ne lui a pas rendue la pareille...

Il m'arrive à penser que je devais rendre ma mère probablement malheureuse de voir que je préférais mon père à elle. Mais c'est d'une toute autre façon que l'on aime une mère et un père.

d'ailleurs, maman, toi qui vit un moment difficile en ce moment, je suis de tout coeur avec toi

51. Le mardi 3 juin 2008 à 15:31, par Corinne - site

@ scmilblick : je me demandais si tu allais avoir le courage d'écrire quelque chose au sujet de ton père après cet "horrible épisode" que tu m'avais fait partager... Encore merci pour ta confiance...

52. Le lundi 9 juin 2008 à 10:17, par nadyle - site

J’ai un grand nom de France qui hélas « tombe en quenouille » c’est-à-dire que je suis la dernière au monde à finir cet arbre qui commence avec les archers de Louis XI… Cela a été extrêmement lourd à porter, dès que j’ai compris la raison de l’indifférence de mon père. J’AI IMMÉDIATEMENT changé de nom car cela correspondait à mon entrée aux Beaux Arts. Il a commencé à me regarder lorsque j’avais 18 ans car je devenais très jolie, et, pendant un an, ce fut merveilleux, et puis tout se referme lorsqu’il engage une assistante qui a pris une place trop importante ! Je suis partie de la maison rapidement et je n’ai jamais pu parler à mon père. En cherchant des papiers pour faire son site, après le mien, j’ai découvert une dizaine de pages de ses mémoires… Et je l’ai enfin compris ! Mais il est mort en 1970 !

53. Le mardi 10 juin 2008 à 11:17, par Kacha

Bon, et bien voilà j'arrive un peu tard ... comme toujours... mais je ne résiste pas à faire un petit commentaire tant ce sujet me touche aujourd'hui. J'ai entamé une psychothérapie il y a quelques mois pour comprendre mes échecs affectifs successifs et devinez quoi ? Pour réhabiliter les hommes de ma vie, il faut que je réhabilite mon père ! pas facile... ma dernière tentative pour comprendre et dialoguer avec lui c'est soldé par un refus de sa part, sous prétexte qu'il faut que je regarde devant maintenant et que j'oublie le passé. Soit. Mais peu constructif. Comme je l'ai lu ici sur certaine notes, quand je pense à mon père j'ai une grande sensation de manque. Je l'ai dit à mon thérapeute "mon père m'a manqué pendant mon enfance" et ce vide perdure aujourd'hui. D'autant plus quand je le regarde. Je vois tout ce que j'ai perdu; c'est un homme doux et "pudique" vous avez dit? (Il ne m'a jamais dit qu'ils nous aimait ma soeur, mon frère et moi), intelligent et cultivé et aimant. Alors, Papa je t'aime. Tu es le premier et le dernier homme de ma vie, mais sache que tu m'as tellement manqué!

Merci
Corinne et merci à tous de ces témoignage, je me sens moins seule.

54. Le mardi 10 juin 2008 à 12:09, par Corinne - site

@ Nadyle @ Kacha : merci pour vos témoignages et aussi pour vos premiers commentaires postés ici...

55. Le mardi 10 juin 2008 à 21:17, par EmilieG

A croire que la cigogne m'a déposé chez le papa rêvé...au vu des témoignages attendrissants mais douloureux que j'ai pu lire.

Mon père a toujours été pour moi un roc, solide et sans larmes (une seul fois je l'ai vu pleurer et ça me retourne encore rien que d'y penser). Il est un conseiller hors pair (sans être trop insistant), un généreux avec sa fille unique (pour qui il est prêt à beaucoup). J'ai besoin de voir dans ses yeux de la fierté quand il me regarde: je sais que mon parcours étudiant et professionnel lui font dire qu'il a réussi à conduire son enfant vers un destin qui la rend heureuse. J'ai gardé les meubles de bébé qu'il a construit pour ma naissance, la maison de poupée avec moquette et électricité qu'il avait bâti pour mon 5ème Noël...Depuis mon adolescence, j'ai la chance de partager de beaux débats avec lui sur la vie en général, sans rentrer trop abruptement dans l'intimité de l'un ou de l'autre, car il est trop pudique et trop secret sur certaines choses, mais ça fait partie de sa personnalité. Et rien qu'à écrire ses mots, j'ai hâte de le voir vendredi à la gare, pour venir lui souhaiter une belle fête des pères.

Quant à l'instinst paternel...à voir les sacrifices qu'il a fait pour mon bonheur, les réflexes qu'il avait pour me guider dans mes débuts de vie, son côté protecteur envers et contre tout...je dirais que, oui, ça existe.

56. Le mercredi 11 juin 2008 à 10:01, par Corinne - site

@ EmilieG : voilà un papa en or et une fille comblée

57. Le lundi 16 juin 2008 à 22:13, par Lucie

Je crois être plus jeune que la majorité d'entre vous. Je n'ai que 23 ans.
Mon père, c'est la perle rare. Pas forcément que des qualités, mais toutes celles qui font un bon père.
Je pense que je lui dois tout. Il m'a quasi interdit les barbies, m'a fait gentillement comprendre que la coquetterie c'était bien, mais qu'il ne faut pas en abuser, m'a fait jouer très tôt à l'ordinateur, à bidouiller des réseaux, aux mécanos, au train électrique. Pour résumer, il m'a fait découvrir ce qu'on fait normalement découvrir à un garçon, tout en respectant ma sensibilité, et la petite fille, puis jeune fille fragile que j'étais.
Il m'a aussi fait découvrir la musique, en jouant de la guitare, en m'incitant fortement au piano.
Je lui dois ce que je suis devenue aujourd'hui, une ingénieure en télécoms, fière d'être une fille qui se débrouille mieux que beaucoup de garçons.
Je finirai sur une phrase de lui qui m'a fait beaucoup réfléchir : "A choisir entre l'argent et l'amour, je choisis l'amour, et si tu veux me faire un bisous, je préfère encore plus si tu le fais à ta soeur".

58. Le mardi 17 juin 2008 à 15:25, par Corinne - site

@ Lucie : sois la bienvenue et merci pour ce très beau témoignage.

59. Le jeudi 26 juin 2008 à 17:43, par dorothée

Quoi, j'avais raté ce post? vite, je me rattrape!
Un bien beau sujet...

Mon papa, est bien vivant et, étrangement, je pense qu'a 60 ans, et lui 90, je continuerai de l'appeler avec ce petit mot d'enfant.
On se parle rarement, ce n'est pas un grand communicant (je tiendrais plutôt ce sens de la parlotte de ma mère?! )

On s'est beaucoup confrontés

Je crois que je suis toujours allée à l'opposé de ses desseins me concernant. Vraiment, nos relations sont souvent conflictuelles.

Et pourtant, ce qu'on s'aime! Et il y a beaucoup de compréhension... (ce qui fait que nous nous voyons toujours...) et dans les deux sens... Il me parle, je le comprend, il me regarde, je sais ce qu'il pense, et la réciproque est vraie aussi...

C'est l'homme de ma vie!

C'est un homme, un vrai, un classique: fort, courageux, travailleur, disponible...
Je me rappelle de lui repassant les draps, torchons, serviettes pendant que ma sœur et moi nous faisions nos devoirs, en attendant que notre mère rentre du travail, il nous préparait notre gouter, faisait les devoirs, lavait les vitres et le carrelage (il le fait toujours d'ailleurs!)
Il faut déménager? papa est là.
On prend la route pour un long trajet: on passe un p'tit coup de fil pour dire qu'on est bien arrivé (oui, même maintenant :))
Des travaux à faire? Papa est là si possible pour donner un coup de main...
Et c'est pire avec les petits enfants!

Un papa, un vrai, responsable, la tête sur les épaules, qui respecte la vie privée et qui tiens à ce que l'on respecte la sienne...

Il m'a mit les pieds sur terre, et continue de me les tenir au sol quand je m'emballe...

Merci papa!

60. Le jeudi 26 juin 2008 à 20:05, par Corinne - site

@ Dorothée : Encore un papa en or ! Tu as bien de la chance...

61. Le mardi 15 juillet 2008 à 10:33, par deka

papa papap papapa je laime beaucoup ressonable gentille et responsable
il se pose tout les question pour pouvoir rendre ma vie teell que aujourd'hui
je suis contente de l avoir comme papa je grandi dans ce main avec mamm et il etai tjs present
je taime ^papap comme il me dit aussi

62. Le lundi 28 juillet 2008 à 17:41, par Boo

Lequel ?
Moi aussi comme dans l'un des témoignages plus haut, j'ai deux pères et je me dis une fois de plus que l'histoire ne tient pas dans un mouchoir de poche... Je vais essayer de la raconter quand même en espérant ne pas être trop longue. Prêt(e)s pour un roman fleuve ?

Pour moi il y a eu le père biologique et le père de coeur (celui qui m'a reconnu légalement et élevé comme sa fille).

Tombée enceinte à 19 ans alors qu'elle ne s'y attendait pas du tout, ma mère a décidé de me garder. Mes parents se sont séparés alors qu'elle n'était qu'au tout début de sa grossesse (décision difficile arbitrée par les "grands-parents" respectifs, les pour (mes grands-parents maternels) et les contre (mes grands-parents paternels)). Mon père était alors encore jeune et sous l'emprise d'un père autoritaire qui voyait mal comment concilier l'arrivée d'un enfant avec la poursuite d'études universitaires et une carrière digne de ce nom. Je simplifie donc mais voilà, ils se sont séparés alors que je n'étais qu'un embryon de quelques semaines après une discussion assez houleuse, lui, l'âme en peine, ne sachant pas si maman avorterait ou pas au final.
Voilà, c'était mon premier père, le père "bio", le père invisible, le fantôme qui a plané sur toute mon enfance et ma vie de jeune fille. Un père mystérieux, mythique, un père affreux (parfois je me disais que tout ce qui était nul chez moi venait de lui), un père que je demandais à ma mère de décrire parce que c'était l'autre moitié de moi que je ne connaissais pas. J'avais seulement deux photos floues de lui sur son cheval prise de loin, autant dire qu'il était impossible de distinguer les traits de son visage puisqu'on voyait à peine sa silhouette... Un père qui entraînait les chevaux à ses heures perdues, un bosseur fou, un intello qui s'était lancé dans des études d'allemand, un torturé. Bref, une icône et seulement mon imagination pour inventer les contours de ce père absent. Ce père j'ai pris l'initiative de le contacter lorsque j'ai eu 22 ans. Il m'a fallu beaucoup de temps pour faire cette démarche, chercher son adresse, lui écrire un jour. Il a été très ému et touché et m'a avoué avoir vécu toute sa vie avec un fardeau et la culpabilité de se de dire qu'il avait peut être un enfant quelque part... Pour moi, il s'est passé quelque chose de très étrange quand je l'ai vu, j'ai eu l'impression que l'autre partie de moi se remplissait, je me reconnaissais enfin et je réalisais à quel point je ressemblais physiquement à mon père... Il m'a expliqué qu'il avait été très amoureux de ma mère et que ça restait la plus belle et extraordinaire femme qu'il n'est jamais connue. Et c'est vrai que ma mère m'a souvent dit qu'il la plaçait sur un pied d'estale... Nous avons aujourd'hui une relation pas très suivie mais qui se passe bien (je vis aujourd'hui dans la même ville que lui par le hasard des choses). Il a trois enfants et une femme charmante. Je sais qu'il existe, qu'il est là et que je peux compter sur lui en cas de coup dur. C'est quelqu'un avec qui je peux parler très librement et en même temps, je ne comprendrais jamais comment il a pu vivre une partie de sa vie dans le doute. C'est presque moi qui est dû le rassurer et le déculpabiliser d'avoir fui ses responsabilités de père. Finalement, j'ai l'impression que de nous deux, c'est moi la plus forte, la plus adulte, c'est un peu le monde à l'envers...

Mon deuxième père ou finalement mon premier père puisque c'est celui qui m'a accueilli, c'est mon père de coeur. Je ne l'ai pas beaucoup appelé papa parce que mes parents étaient dans la mouvance soixante huitarde et du coup, on appelait plutôt nos parents par leur prénom, si c'était à refaire... bref, mon papa, c'est aussi mon père parce que c'est lui qui m'a reconnu à l'état civil donc au regard de la loi, je suis sa fille légitime. Il connaissait ma maman avant ma naissance, ils étaient copains de lycée et ils se sont mis ensemble quand j'avais 6 mois à peu près. C'est donc lui qui m'a reconnu plus tard (j'avais 1 an environ). Mes deux petits frères sont arrivés assez vite (j'ai deux et quatre ans d'écart avec eux) et j'ai été élevé par lui comme sa propre fille. Un papa très présent, aimant, qui s'est énormément occupé de nous, un papa poule avant l'heure. Bref, un papa parfait, droit et juste. J'ai toujours su que ça n'était pas mon père biologique et je pense que ça a quand même pesé sur mes épaules mais c'était un sentiment de moi à moi. Quelque chose de l'ordre de la légitimité. Suis-je digne d'être aimé puisque j'ai été abandonné avant même d'avoir vu le jour ? Ce sentiment s'est renforcé lorsque mes parents se sont séparés, j'avais alors 24 ans. Mon père est tombé amoureux d'une amie de ma mère que je connaissais très bien et là, les choses se sont compliqués sévèrement. Il s'est senti jugé, a réglé des comptes avec ma mère à travers moi et depuis ce temps, après des déchirements douloureux, nous ne nous sommes plus revus. Cela fait 8 ans et c'est une blessure qui a du mal à se refermer. Ce que j'ai compris de ce qu'il m'a dit alors c'est qu'il avait avant tout choisi d'être père, d'être mon père et qu'il s'était trompée alors sur l'amour qu'il vouait à ma mère. Autrement dit, il se serait marié avec ma mère grâce/à cause de moi... Je lui en veux aujourd'hui de m'avoir fermé la porte de sa maison, de ne pas vouloir maintenir un lien avec moi tant que je continuerai à voir ma mère, de me demander d'être quelqu'un d'autre mais qui ? Bref, il reste mon papa, celui qui m'a aimé, élevé et je serai toujours là pour lui mais j'ai comme un énorme trou dans ma vie et dans mon coeur depuis que je ne peux plus, comme autrefois passer des heures à discuter avec lui... Je me dis que peut être un jour, quand il sera très vieux, nous pourrons nous réconcilier. Je l'espère très fort parce que je ne supporterais pas qu'il meure sans avoir fait la paix avec lui.

Finalement, un oncle me disait un jour, "toi, tu as deux pères mais aucun qui soit le bon..." Alors, si je fais le bilan aujourd'hui de ma vie amoureuse, je dirais que j'ai du temps à rencontrer un homme aimant, aimable, bref "l'homme de ma vie" (pas le prince charmant hein ;)) et j'ai eu pas mal d'histoires amoureuses malheureuses avec des hommes tyranniques et peu respectueux avant de rencontrer un homme vraiment chouette. D'autre part, je suis plutôt du genre perfectionniste et hyper exigeante avec moi-même et je me dis que ça a quelque chose à voir avec un problème de légitimité. C'est le cas dans ma vie professionnelle notamment où je n'arrête pas de faire toujours plus d'études, de formation pour être au top. Malgré ça, je me demande constamment si je suis à ma place, si je suis légitime et je mets la barre très haute... Dans mes relations amicales, je donne beaucoup de mon temps, j'écoute, j'interroge, je compatis parfois trop bref, j'apprend petit à petit à ne pas me laisser bouffer. Et puis, quelque chose qui n'est peut être pas complètement décorrelé non plus de mon histoire, j'ai aussi dû mal à mettre un enfant au monde suite à une infection qui a atteint mes trompes... et je me dis que ça aussi c'est peut être une maladie qui n'est pas complètement étrangère à ce que j'ai vécu.

On dit parfois qu'on a le cul entre deux chaises moi j'ai le coeur entre deux pères... c'est pas toujours facile même je me dis que c'est aussi une richesse. Voilà, c'était mon histoire de père(s) avec des plumes, des paillettes, des mitraillettes, des fées, des ogres, des sorcières, des rires, des pleurs, des doutes, des joies et encore bien d'autres surprises à venir, j'espère !

63. Le mardi 29 juillet 2008 à 09:39, par Corinne - site

@ Deka : sois la bienvenue sur ce blog .

@ Boo : bienvenue ici et merci mille fois pour ce magnifique, poignant et double regard sur ta relation avec tes deux pères, sur ce qu'ils t'ont apporté, appris ou refusé. J'apprécie beaucoup que tu aies pris le temps de nous faire partager cette émouvante histoire, si personnelle. J'avoue être admirative de ta force, de ton recul, de ta sérénité, et cela vaut aussi pour d'autres témoignages écrits plus haut. Merci à toi, à vous tous pour votre confiance...

64. Le mercredi 30 juillet 2008 à 02:54, par isami - site

Le mien était vraiment très, très spécial...Ma mère exaspérée par les taches de peinture à l'huile qu'il semait partout, l'a un jour prié d'aller vivre ailleurs, dans un endroit qui lui ressemble... l'antithèse de son monde monomaniaque et ordonné à elle !... Mais il était toujours le bienvenu, il revenait à sa guise et même si j'étais une toute petite fille, j'avais le droit de me saisir de ses sanguines et fusains... et si ma mère était nue sur un sofa, je choisissais une autre perspective d'elle, et je m'y mettais avec délectation... tellement ce monde-là, celui des formes et des couleurs étaient déjà le mien !

Je n'ai jamais entendu l'un dire du mal de l'autre... ils étaient chacun dans un univers différent, elle dans sa musique lui dans sa peinture...Ils se croisaient parfois et se déliaient de la même manière, sans heurts.... A 12 ans j'étais déjà loin, et je crois que je me suis échappée de leurs 2 mondes, sans qu'ils ne s'en rendent compte et cela m'arrangeait bien... je me suis baladée ici et là, au gré du vent sans doute, de l'australie à l'Afrique en passant par l'Asie et revenant sur mes pas, parfois... je n'ai pas vu le temps passer, comme c'est étrange !

On s'est donc ratés du début à la fin de notre "relation familaile" Sauf une fois, où je marchais dans une rue de Lund en Suède, mon père et moi nous sommes littéralement rentrés dedans !... Le temps de partager un café, chacun a repris son chemin...

Je ne les ai jamais revus vivants, ni l'un ni l'autre... Et ils ne m'ont jamais manqué.

Mes enfants qui sont parents à leur tour -voyagent aussi dès que l'occasion se présente- ils ont hérité de moi, cette bougeotte tranquille, cette curiosité insatiable du monde... le plaisir de peindre, de faire de la musique leur a été transmis, bien qu'ils n'aient jamais rencontré leurs grand-parents maternels...

Finalement, si je jette un regard par dessus mon épaule, la seule peur que j'ai eue, entrée dans l'âge adulte, c'était celle de ne pas savoir être présente pour quelqu'un d'autre que moi-même, de ne pas savoir tisser de lien avec les miens, d'enfants...

Mais j'ai été vigilante et j'ai appris à aller vers eux, jusqu'à ce que cela devienne naturel ! J'ai même mis les bouchées triples : la maison a fourmillé de dizaines de gosses crotteux et affamés qui jaillissaient de nulle part, que du bonheur !

J'ai même fini par croiser une perle rare, un homme des bois, qui m'a invité il y a longtemps déjà, dans son bout du monde à lui, un monde juste à ma mesure où je peux continuer de jouer avec les couleurs...

voili-voilà, de mon père, j'ai finalement gardé le meilleur, lol !

65. Le mercredi 30 juillet 2008 à 09:54, par Corinne - site

@ Isami : merci pour cette belle histoire familiale, un brin bohème, que tu sembles au final bien avoir géré. Tant mieux... et bonne chance pour la création de ta boutique en ligne

66. Le vendredi 1 août 2008 à 12:54, par snoopynette

bonjour a tous

Moi snoopynette née un 30 juin 1976, orpheline de père décédé le 16 avril 1976. Je recherchais des témoignages de personnes dans le même cas que moi qui ont du mal à construire leur vie de femme et je suis tombée sur ce lien. Me concernant, plus j'avance dans la vie et plus mon père me manque.
Je n'ai jamais mal vécue le fait de ne pas avoir de papa sauf ces 4 dernières années ou je me rend compte qu'à l'age adulte il est difficile pour moi de vivre sans papa. Peut être qu'une psychothérapie me ferait le plus grand bien et me permettrait d'avancer dans la vie, et de ne pas vivre dans le passé comme c'est le cas en ce moment...

Voila en quelques mots mon témoignage

Cordialement
Snoopynette

67. Le vendredi 1 août 2008 à 17:34, par Corinne - site

@ snoopynette (j'adore ton pseudo !) : bienvenue sur ce blog et merci pour ton témoignage. Je pense que la disparition très prématurée d'un père doit être tout aussi - voire plus - marquante que sa présence. J'espère que tu arriveras à surmonter ce manque, cette nostalgie peut-être aussi... De tout coeur avec toi.

68. Le mercredi 27 août 2008 à 18:26, par miroirdelsol

Toutes emouvantes vos histoires et me motivent à vous résumer la mienne
Fille de pere inconnu (il n' a jamais vecu avec ma mére)
J'ai 54 ans,toute ma vie j'ai voulu le retrouver,j'ai cherché jusqu' à l'age de 30ans, me déplaçant au portugal dans les mairies etc
Puis je pars vivre au mexique ... un jour un oncle qui habite le Portugal le recontre dans une rue et le met en contact avec ma mére qui vivait en France,il vient la voir en france et voilà que ma mére decide d'aller vivre au Portugal pour devinir sa maitresse ( ce qui a duré trés peu de temps) J'ai reçu 2 coups de fil de la part de mon pére au Mexique, et lui ai ecrit une lettre (Via ma mére car impossible d'obtenir son adresse) lui fesant part de combient la présence de ce pére avait manqué tout le long de ma vie (lettre trés gentille ) Jamais de réponse(Ma mere ne lui a jamais remise la lettre)
Me voilà en 2004 je reviens vivre en France
Et decide de le chercher à nouveau, je retourne au Portugal et impossible, meme ma mere refuse de m'aider à le retrouver
De retour je decide par internet de faire des recherches et finalment le voilà..je repars au Portugal,me plante devant chez lui et le regarde travailler dans son jardin aprés 40ans de l'avoir vu pour la derniére fois
Ne voulant par troubler sa famille,je demande à un homme qui passait de lui telephoner et lui dire que quelqu'un l'attendait en bas
Il descend la peur lui ruisselait au visage (peur de sa femme)
Et me dit de le suivre en voiture,pendant que lui montait dans un autobus et nous voir plus loin,
On s'est vu 30mn dans un café,les larmes on coulé et j'ai cru dans la sincerité de ses sentiments,maintenant qu'on s'est retrouvé on reste en contact, echange de telephones,promesses de sa part etc
A aujourd'hui pas un coup de fil rien Il est venu à 30 km de chez moi en France rien...
Je decide aujourd'hui d'aller au bout de ma colére et faire toutes les démarches necessaires pour qu'une fois dans sa vie il me reconnaisse comme etant sa fille qu'il assume ce mensonge qui a entouré son existance,et peu m'importe que tout le monde soit au courant et ses consequences
J'aurais mille fois preferé ce jour là qu'il me dise qu'il ne voulait plus me voir
Je suis sa fille ai besoin de cette reconnaissnce

69. Le mercredi 27 août 2008 à 20:03, par Corinne - site

@ miroirdelsol : bienvenue ici et merci pour ce commentaire. J'espère que ta situation s'éclaircira et que tes relations avec ton père s'apaiseront. Pour le bien de tous les deux... Bon courage !

70. Le lundi 17 novembre 2008 à 12:44, par Leila

Bonjour a tous!
si je vous ecrit c'est pas pour parler de mon pere, qui a ete un super papa et mari et qui l'est toujours d'ailleurs.Je veux parler de mon beau-pere, le papa de mon mari.Il a ete qqn d'exeptionel, une personne qu'on croise rarement dans la vie.Je parle au passe, parce qu'il est mort l'annee derniere.
Il a vecu que pour son fils, il a dedie sa vie a son fils.Apres le divorce, mon mari est reste avec lui, et depuis , son pere n'a vecu que pour son fils.Il a ete et mere et pere pour lui.C'est une histoire tres emouvante, et j'aimerai ecrire un livre, lui rendre un hommage.Je ne l'ai connu que tres peu, mais le peu de temps qu'on a passe ensemble a ete suffisant pour qu'il m'accepte comme sa fille. Je l'ai admire, et je l'admire toujours....Un pere pas comme les autres.....

71. Le lundi 17 novembre 2008 à 21:31, par Corinne - site

@ Leila : bienvenue sur ce blog et merci pour ton témoignage sur ton beau-père, papa de substitution

72. Le mercredi 10 décembre 2008 à 03:44, par calidor

mon père? une sorte de super hé (té)ros...

en préambule, ce que j'ai à dire n'a rien de mystique. trop de détails, seraient ennuyeux, alors je me contenterai de paraboles...je suis sûre que vous m'entendrez car tous ces gens qui ont laissé un message sur ce blog m'ont paru intéressants et de qualité si je puis me permettre ce jugement.

mon père....très jeune je l'ai vu comme autoritaire, dur. adolescente, mon regard a changé je l'ai vu en papa attentionné faisant ce qu'il pouvait pour sa progéniture, c'est à dire le maximum syndical : les habits, les repas, les études, l'éducation, l'affection dans cette famille et à cette époque ne faisait pas partie du package. face à un parcours de vie cahotique, ballotté, face à une mère absente de notre vie et une belle-mère présente et un peu "c'est moi d'abord", notre père il a bien assuré.

à présent que j'ai mûri je le perçois comme ayant été un père attentif, qui a fait ce qu'il a pu pour ses enfants. et je le vois plus doux, plus gentil qu'avant, à mon égard et je ressens que ce sentiment de distance qu'il avait avec moi étant jeune, s'est transformé en sentiment de respect, de fascination peut-être à cause du temps qui passe, mais surtout car j'ai oeuvré positivement dans ma vie professionnelle. j'ai dépassé ce sentiment de négastivisme insufflé à mon père par sa jeune épouse à notre égard comme quoi on est des bons à rien, d'où fascination! elle a réussi!

mon père c'est un homme qui se veut fort et pour ses enfants et pour lui. les aigreurs du passé, les ressentiments se sont mués en une philosophie de la vie : "c'est ainsi, il faut laisser faire le temps".

un jour mal m'en a pris de lui dire ce que je pensais de son comportement d'antan. il m'a simplement fait comprendre qu'à l'époque c'était ainsi, il ne pouvait pas faire autrement, il n'avait pas le choix. j'ai senti que je l'avais blessé. j'ai dû lui écrire une lettre d'explication, de réparation pour retirer tout ce que j'avais pu dire de mal, même si je pensais véritablement ce que j'avais dit et que je l'avais exprimé de manière pas trop abrupte.
mais c'est ainsi. les adultes que nous deviendront nous aussi un jour par chance, ont peut-être plus la faculté d'analyse et de recul que nous et savent quelquefois nous inciter à modérer nos propos en faisant profil bas et en nous incitant à faire notre propre travail d'instrospection.
je n'ai pas regretté d'avoir pardonné ses offenses à mon père de mon propre chef, je précise en mettant un mouchoir sur mes blessures. il fut apaisé, je fus moins gênée d'entendre ses dénégations et la blessure d'amour-propre que je lui avais infligée.

un témoignage d'affection tardif de mon père, une lettre où il a signé "ton père qui t'....". et une phrase "tu es une très belle femme", m'ont ému et fait prendre conscience de ma qualité à ses yeux.

je me dis qu'à présent il est temps de mettre un peu de velours dans notre comportement, notre vie, notre ressenti, en dépit des blessures. c'est un chemin pentu, pas toujours à franchir à remonter, mais qui procure autrement plus de satisfaction que la haine, le ressenti, la violence. je suis une adepte de la foi en soi. la foi qui aide à se sentir bien, qui aide aussi les autres à se sentir mieux. j'imagine que si j'étais allée dans des propos véhéments, la rage aurait suivi et où en serais-je à présent alors que quelques années auparavant j'avais fait le chemin vers lui, en vue de la réconciliation... la colère, notre peur ne sauraient être les meilleures conseillères que notre force et notre envie à aller de l'avant.

exception faite des événements graves, un père, une mère, on n'en a rarement deux, ils sont là pour une vie, la leur, la nôtre. ensuite c'est fini, il n'y en a plus. et si on n'a pas fait le pas, il sera trop tard pour le faire...il n'y aura plus de place que pour le regret, le remords, avec un sentiment d'inachevé.

signé : calidor

73. Le mercredi 10 décembre 2008 à 21:35, par Corinne - site

@ calidor : bienvenue ici. Ton témoignage m'a beaucoup touchée. Tu résumes bien, je trouve, les sentiments souvent tortueux et contradictoires qui envahissent notre coeur et notre esprit face à cette incontournable figure paternelle. Merci pour cette très belle franchise, aujourd'hui apaisée semble-t-il...

74. Le lundi 2 février 2009 à 14:48, par LILI 02

mon père,

il est malheureusement décédé en 1976, je n'avais que 14 ans.
Commerçant, il travaillait beaucoup avec ma mère.
J'aurais voulu le voir plus, partager plus de temps.
Il était gentil.
Il ne savait malheureusement pas montrer son amour, était fort réservé. Son passé était très douloureux.
C'est un soir du 4/11/76 qu'il a décidé de mettre fin à ses jours par pendaison. Je l'ai retrouvée, ma mère était avec moi. Il avait aussi des problèmes avec l'alcool.
Il exerçait admirablement son métier de boucher (même si pour un enfant ce n'est pas du spectacle).
Je fais une psychanalyse aujourd'hui car je suis seulement en traint
de faire son deuil, ce traumatisme m'a brisée la vie.
Je n'ai pas eu la chance de le connaître un peu plus. Je n'ai pas beaucoup de souvenirs, je les recherche. Il m'emmenait faire ses tournées de temps en temps, avec lui en camion, je l'aidais à nettoyer sa nouvelle voiture... Je pense qu'il m'aimait, malgré son incapacité à me le dire. Il allait mal, les dernières années! Il ne se confiait pas et j'étais trop jeune. Le destin nous a séparé très vite. J'ai aussi perdu ma mère en 94 (tumeur au cerveau). Enfin voilà, effectivement on ne peut pas oublier celui qui a donné la vie.

75. Le vendredi 8 mai 2009 à 17:40, par Natasha - Hotels A Munich - site

Je suis comletement d'accord avec tout ce que vous dites dans votre billet. Les peres jouent une role enormes dans la vie de chaque fille comme par example mon pere dans ma vie. Et c'est pourquoi on dit souvent que les femmes choisissent les maris qui ressemblent bien a leurs peres....

76. Le dimanche 26 juillet 2009 à 01:05, par Nolifeking

J'ai 21 ans. Mon père est un vrai Papa poule..XD Un peu maladroit( la honte que j'ai eu quand il est aller annoncer, tout fier, à toute la parenté quand j'avais eu mes première règles... )de nature facilement inquiète, on ne peut pas dire que c'est un autoritaire. Seule ombre au tableau: il est extrement orgueilleux et un peu étouffant par moment... ils nous le dit souvent; ses enfants, c'est toute sa vie. Il a une peur maladive de voir ses fille devenir des moins que rien selon son expression. Bonjour la pression!!

Quand j'était enfant, c'était un papa affectueux, rigolo( sur ce point il l'est toujours :D) Il était celui qui nous emmenait au restaurant, aux cinéma, aux parcs etc J'ai toujours pu parler avec lui de n'importe quoi sans que cela dérrange. Ça doit être son coté féminin, son père était ainsi

Puis un jour il y a eu cet incident. Mes parents se sépare. Mon père obtint notre garde. Une première dans mon village natale ( le genre de village avec la mentalité arriérée qui vient avec) Peu longtemps après, des rumeurs commencent à circuler... les gens le traitent de pédophile( rumeur propager par une fille que je croyaitune amie à l'époque. j'avais 12 ans)

dès lors, il n'y a eu plus de "je t'aime", ni de collade. De temps en temps, une petite tape sur l'épaule. 9 ans que sa dure.
Mais, depuis quelques mois, mon père fait de gros efforts pour surmonter son blocage. Quand on s'appel, il glisse parfois à la fin de la conversation un "je t'aime" timide. Tout n'est pas perdu!